
À l’aube de la traite, l’enlèvement d’un groupe d’hommes de la tribu des Mulongo pousse une femme, Eyabe, à braver les traditions pour partir à la recherche des disparus. La Saison de l’Ombre de Léonora Miano, publié en 2013 aux éditions Grasset, est un roman qui évoque un pan de l’histoire encore couvert d’incertitudes : comment vivre la douleur et la violence amenées par un envahisseur venu de nulle part ?
L’autrice y souligne l’importance de cultiver les imaginaires, non pas dans une optique d’idéalisation, mais plutôt dans celle de la commémoration.
L’ouvrage répond à une question essentielle : comment un peuple réagit-il face à l’apparition soudaine d’un envahisseur ?
C’est surtout une magnifique ode à la spiritualité africaine.
Le lecteur, conscient du contexte historique, sait de quoi il s’agit. Pourtant, la confusion des personnages l’immerge profondément dans l’esprit des protagonistes, avec toute la beauté et la cruauté que cet univers renferme.
Effacement des peuples, rôle crucial de la mémoire, amour maternel, importance du devoir, hubris du cœur des hommes… Autant de thèmes qui font de ce roman un récit poignant, couronné du prix Femina en 2013 — amplement mérité !