
Je n'avais pas adoré Je m'en vais, son Goncourt. Mais allez savoir pourquoi, Courir m'avait tenté. Voilà bien toute l'ambigüité du rapport entre le sport et la littérature : je n'aime pas vraiment faire du sport, mais j'aime beaucoup en lire. Donc Courir. L'histoire d'Emile Zatopek, "ce drôle de nom qu'il ne connaissait pas sous cette forme imprimée". Le parcours légendaire d'un sportif qui n'aimait pas courir, et qui se découvre un génie dans les jambes.
Et puis le style d'Echenoz : évident, fluide, de longues foulées bien lancées. Ca se lit bien, c'est maîtrisé, moderne, très agréable à lire à haute voix. Si la nuit n'avait pas été nécessaire pour préparer un matin laborieux, je l'aurais volontiers relu d'une traite. Deux heures suffisent, et deux heures aussi agréables, comme entre copains qui se racontent une anecdote riche en valeur humaine, ça ne se refuse pas.
Enfin, mon propre rapport à la course à pied. Je n'ai jamais trouvé le sport qui me convienne. J'en ai essayé des tas. Et puis Elise m'a fait courir avec elle. Et en fait, ça me va. J'aime bien. Je suis assez à l'aise pour ne pas renâcler et même y trouver un certain goût. Mon Emile intérieur s'amuse.
Un extrait à écouter en sirotant une bière bien fraîche, la bière d'après l'effort amateur, celle de la récompense sympathique. Et en écoutant Run boy run, de Woodkid, bien sûr.
Cheers!