
Et si on se trompait depuis le début ?
Et si le drag, qu’on imagine parfois comme un espace queer parfaitement libre, avait lui aussi ses zones d’ombre, ses angles morts, ses exclusions silencieuses ?
Dans ce Take, Hugo Bardin- alias Paloma, artiste, comédien, chanteur, première gagnante de Drag Race France- soulève une réalité qu’on connaît mais qu’on préfère souvent contourner : la place des femmes dans le drag. Parce que l’histoire est pleine d’ironie : les femmes ont inspiré le drag, l’ont nourri, l’ont façonné… et pourtant, elles ont été progressivement repoussées dans ses coulisses. Les femmes cis, les femmes trans, les artistes AFAB, les drag kings — tous ces corps pourtant légitimes, essentiels, sont encore rarement invités sur scène, rarement programmés, rarement célébrés. Le drag, un art né pour perturber les normes, reproduit parfois malgré lui les hiérarchies les plus classiques : celles qui décident quels corps méritent l’attention, et lesquels doivent rester invisibles. Hugo connaît cette scène de l’intérieur. Il y a performé, créé, observé.
Son projet musical Château Intérieur- disponible sur toutes les plateformes, avec des collaborations d’Elips et bientôt MANIFESTO avec Faust et Raumm- navigue déjà dans ces questions : le rôle, le masque, l’identité, la scène comme deuxième peau. Et derrière les paillettes, il a vu des mécanismes plus rugueux : des programmations où aucun drag king n’est appelé, des clubs qui affirment soutenir l’inclusivité mais refusent les femmes AFAB sur scène,
des artistes trans considérées “hors catégorie” dans un art qui devrait justement abolir les catégories.
Il parle ici de misogynie intériorisée, de la manière dont les standards de beauté infiltrent même les milieux qui pensent être totalement libérés. De cette hiérarchie implicite entre drag queens et drag kings, qui n’est jamais dite mais toujours ressentie.
Et surtout, il questionne une idée tenace : celle que le drag n’est “que” du divertissement. Comme si faire rire, faire danser ou émerveiller annulait le poids politique d’une performance.
Comme si célébrer le féminin, le masculin, l’ambigu, le monstrueux, le flamboyant n’était pas déjà un acte de résistance. Pour Hugo, le drag n’est pas seulement une transformation esthétique : c’est un endroit où l’on se raconte, où l’on déconstruit, où l’on s’autorise.
Un espace où le corps se libère, où la marge devient une force, où l’on renverse les regards.
Et exclure des femmes, des personnes trans ou non-binaires de cet espace, c’est mutiler une partie de son propre langage.
Alors il nous invite à faire un pas de côté. À revoir nos réflexes.
Et si, finalement, rendre le drag plus inclusif, ce n’était pas “ajouter des places”, mais simplement rendre à cet art ce qu’il est depuis toujours : un geste politique, un terrain de liberté, une zone d’insoumission. Un art né pour bousculer les normes, pas pour les imiter.
. Un art né pour bousculer les normes, pas pour les imiter.
Ce Take, c’est une conversation qui dérange parce qu’elle dit vrai.
Une discussion qui rappelle que l’inclusivité n’est pas un slogan :
c’est un chantier permanent, un effort collectif, une vigilance de chaque instant.
Café Cash, c’est quoi ?Un podcast court, pop, lucide et engagé, qui donne la parole à celles et ceux qui pensent à voix haute, dans un café, un PMU, un bar ou un bistrot. Pas d’interview classique. Pas de débat de plateau. Juste un micro tendu à des voix singulières qui bousculent les récits dominants et redonnent du sens à ce qu’on croit savoir.
Et toi, t’en penses quoi ?
Merci à @subwaytakes et à Kareem pour l’inspiration du format.
Merci à @camille_de_cussac pour le micro,
et à toute l’équipe pour l’accueil, la douceur et la bienveillance.
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