
Et si on pouvait envoyer une version de nous-même au travail pendant que l’autre profite de la vie ?
C’est la question vertigineuse posée par Severance, une série fascinante qui imagine une dissociation totale entre notre “moi professionnel” et notre “moi personnel”. Deux existences bien séparées, deux réalités qui ne se rencontrent jamais.
Dans ce sixième épisode d’Histoires Miroir, je plonge dans mon rapport au monde du travail : ce malaise diffus, cette impression d’être “hors du cadre”, de ne pas rentrer dans le moule, de chercher un endroit où on pourrait enfin respirer.Severance m’a renvoyée à mes propres contradictions : ce besoin de stabilité et cette envie viscérale de fuir, ce désir d’être utile et cette lassitude qui me grignote chaque lundi matin.
À travers la série, je parle du salariat, de la perte de sens, du “métier alimentaire” qu’on idéalise parfois, et de la grande fatigue qui traverse notre génération. De ces entreprises où l’on demande d’être passionné, engagé, résilient — mais où le simple fait de vouloir préserver sa santé mentale passe encore pour un caprice. Je parle aussi de la honte qu’on traîne : celle de ne pas être carriériste, de ne pas vouloir “gravir les échelons”, de préférer sa vie perso à son avenir pro.
Entre expériences personnelles, témoignages, et mon propre recours au télétravail comme tentative de fuite, cet épisode observe notre rapport au travail.
Ce que la série raconte d’extrême, nous l’expérimentons parfois à une échelle bien réelle : l’envie d’oublier le bureau dès qu’on en sort, le besoin de ne plus penser au travail, cette tension permanente entre ce qu’on voudrait être et ce que notre job exige de nous.
Je parle de cette quête de sens devenue incontournable, mais aussi de l’épuisement que provoque le fait de devoir justifier chacun de nos choix.
Je m’interroge sur ces métiers “bullshit” qu’on exerce sans vraiment comprendre à quoi ils servent, sur l’illusion du CDI rassurant, sur les injonctions contradictoires qui nous entourent : être flexible mais solide, impliqué mais détaché, créatif mais rentable.
Et à l’inverse, je me demande si la solution ne se trouve pas parfois dans l’acceptation, dans le fait d’arrêter de chercher absolument un sens à tout, de cesser de transformer le travail en projet existentiel alors qu’il peut simplement être… un travail.
Cet épisode est une réflexion ouverte sur nos façons de survivre au salariat, de s’y adapter ou de s’en éloigner, selon les moments de nos vies.
Une conversation à voix haute sur un système qui nous façonne autant qu’il nous abîme, et une façon d’interroger notre place dans ce monde où l’on passe tant d’heures à travailler… parfois sans comprendre pourquoi.
Parce que les fictions comme Severance ont cette force : elles poussent là où ça fait mal, elles éclairent ce qu’on avait mis sous le tapis, elles tendent un miroir à nos contradictions et à nos besoins les plus simples : celui de se sentir entier, cohérent, à sa place.
Lorsque les histoires fictives nous tendent un miroir sur la notre...🪞
CREDITS :
Merci à Cheyenne, Lou et Betty pour leurs précieux témoignages <3
Jingle : Spirit Blossom - Roman Belov
Musiques : Watr Fluid, Podcast-lo-fi-music