Enregistré en live dans le cadre de "Merci de vous libérer ! #3", Troisième forum annuel de la création libre des étudiant·e·s de SdS-MH, qui s'est tenu le 23 novembre 2024 à Bobigny.
Une équipe de Radio Grenouille, assistée d'étudiant·e·s de SdS, était présente aux côtés de LFKs pour assurer 4 heures de direct. Le Goût du Capri-Sonne s’est pleinement inscrit dans l’esprit de ce forum créatif, interrogeant notre rapport à la création, à la liberté et au temps.
Êtes-vous libre, là, tout de suite ? est par ailleurs le dixième et dernier épisode du Goût du Capri-Sonne sous sa version 2023-2024. Il explore un rapport singulier à la création, où invention et continuité se confondent pour former un habitus renouvelé. Cet épisode #10 interroge notre besoin humain de composer entre l’inédit et l’habituel, entre le surgissement et l’appartenance.
En ce sens, il reflète le paradoxe qui anime l’ensemble du Goût du Capri-Sonne et, plus largement, de tous les ouvrages de LFKs : proposer ce qui n’a jamais été vu tout en l’inscrivant dans une continuité apparente, en lui inventant une évidence ancienne. Ce mélange de nouveauté et de familiarité incarne une dynamique essentielle de l’humanité : se réinventer tout en s’appuyant sur des repères stables.
Sa créativité nourrit à la fois sa capacité d’adaptation et sa quête d’éternité. Cette tension entre adaptation et invention structure également la pédagogie et les pratiques de Sup de Sub - Mark Hubbard.
SdS-MH n’a pas de forme fixe. Elle ne fait jamais deux fois la même chose, trouvant sa stabilité dans le changement permanent. Toute son identité réside dans l’action, dans une dynamique d’évolution rapide qui redéfinit sans cesse ses formes et ses pratiques. Sup de Sub démontre ainsi que la solidité d’une structure ne repose pas sur sa fixité, mais sur sa capacité à être en perpétuel devenir.
Avec - Jean Michel Bruyère, créateur de Sup de Sub
- Emilie Marthély,
- Jérémie Apounou,
- Mohcine Tounsi, étudiant.e.s de Sub de Sub - Mark Hubbard, promotion 24.
- Anne de Blignières-Légeraud, Docteur d’État en sciences de l’éducation, maître de conférence Dauphine PSL, appui au pilotage et expertise Sup de Sub.
animée par Julien Chollat-Namy, intervenant au sein de Sup de Sub et membre de LFKs.
L'épisode #9 du Capri-Sonne aborde la question du statut du savoir dans l’action Sup de Sub - Mark Hubbard
“ La politique d’apprentissage de Sup de Sub - Mark Hubbard met l'accent sur la création ; c’est l’être artiste de tout être qui est appelé à se révéler/se développer, non pas pour intégrer [en tant que professionnel·le et non plus amateur·e] les conventions et les cadres de l’un des domaines créatifs bien établis, mais pour les détourner tous et ouvrir la création à la construction par chacun et chacune de sa vie quotidienne. En somme, il s’agit de "faire de sa vie une œuvre", mais, et il faut le préciser aussitôt, comme une œuvre collective. L’esprit de création que Sup de Sub encourage s’appuie autant sur la coopération (le collectif) que sur l'individuation, tout en recherchant le dépassement de cette polarité. Il ne met pas en avant la seule spontanéité car trop solitairement valorisée, la spontanéité finit par s'accommoder de l’ignorance et l’on réinvente alors plus que l’on ne crée. Il ne repose pas non plus sur la seule intuition, car trop isolément mise en valeur, l’intuition peut renforcer l'égocentrisme. La création pour les étudiant·e·s de SdS-MH ne doit pas être un simple reflet de soi, mais une ouverture vers quelque chose de plus grand, un "ça" qui dépasse le·la créateur·rice et l’emmène vers un ailleurs imprévu, encore inconnu.
L’esprit de création que nous cultivons doit être ouvert et transformateur. C’est un esprit fertile lancé sur un trajet d’aventure, qui revient à l’insu - point de départ de toute école - mais par les voies du savoir, de façon socratique, pourrait-on dire. En effet, la vocation du savoir n’est pas de fuir l’ignorance, mais de la raffiner. L’ignorance qui nous reste, quand elle est à la fois réduite et agrandie par la connaissance, est terreau de création et d’innovation : l’insu, cet espace indicible des créations, ce lieu/non-lieu des apparitions (que l’on touche lorsqu’un groupe d’étudiant·e·s, par exemple, réalise un film qui dépasse ses propres attentes, révélant des connexions inattendues entre l’expérience personnelle et des réalités sociales plus vastes. Cette création devient alors un lieu où ce qui semblait caché ou ignoré fait surface, éclairant à la fois le créateur·rice et le spectateur·rice). L’enjeu n’est pas de savoir mais d’apprendre à ignorer mieux, le mieux possible. Le raffinage de l’ignorance n’est pas une simple idée philosophique, mais un système de production créative, où chaque étape du processus s’inscrit dans une dynamique collective. L’ignorance raffinée n’est plus une ignorance vide ou absolue mais une forme de conscience que l’essentiel reste toujours à découvrir. C’est une volonté commune et continue d’exploration de données et de techniques, qui mobilise l’esprit de recherche propre à l’humain mais plus ou moins développé ou latent selon les êtres et leurs histoires. Cette recherche passe par l’étude, l’enquête, la mise en perspective, l’hypothèse, l’expérimentation. Elle vise l’au-delà du savoir, cet espace toujours inconnu mais déjà éclairé : le bord du néant d’où la créativité remonte à la lumière ses objets sans noms.
Et puis ? au lieu de la mémorisation : du mémorable, de l’inoubliable. L'étudiant·e qui aura parcouru ce chemin se souviendra du plaisir pris à la recherche active de ce qui est su pour toucher ce qui ne l’est pas encore. Il·elle se souviendra d’avoir vu le monde non plus comme un environnement hostile ou en danger mais comme le réceptacle délicat de savoirs reliés, intriqués, et comment oublier l’émotion que libère leur découverte ? ”
Une émission animée par Julien Chollat-Namy, cinéaste, intervenant au sein de Sup de Sub - Mark Hubbard et membre de LFKs.
L'émergence de l'ethnologie en Europe a accompagné l'expansion coloniale. Les premiers ethnologues étaient souvent des missionnaires, des administrateurs coloniaux ou des voyageurs chargés de recueillir des informations sur les populations colonisées. Cette collecte de données servait à mieux contrôler les territoires colonisés et à justifier les politiques coloniales. Ce n'est que dans la seconde moitié du XXe siècle, avec la décolonisation en marche, que l'ethnologie a reconsidéré ses pratiques et présupposés, jusqu'à établir de nouvelles approches méthodologiques pour impliquer davantage les communautés locales dans la recherche ethnologique et inclure une diversité de voix et de perspectives. L'ethnologie moderne tente de présenter une image plus complexe et nuancée des sociétés humaines, en portant notamment un intérêt marqué aux groupes marginalisés au sein de ces sociétés. Cependant, elle continue de distinguer entre ceux qui étudient (les chercheurs) et ceux qui sont étudiés (les sujets), maintenant ainsi des inégalités de pouvoir sous-jacentes et des dynamiques de domination.
Aussi, de la même manière qu'elle développe une pratique artistique non-amateur mais sans artiste, Sup de Sub - Mark Hubbard choisit de développer une approche ethnologique exigeante mais sans ethnologues. Les étudiants de SdS-MH étudient ensemble les populations de villages et de bourgs, qui les étudient en retour en tant que groupe social. Ce principe de réciprocité, dans un partenariat authentique, fait des communautés rurales locales les co-créatrices du savoir ethnologique, et non simplement des sujets d'étude. Cette approche vise à éliminer les titres et les distinctions traditionnelles, permettant ainsi une recherche plus équitable et collaborative, faisant de l'ethnologie la fondation même d'une inter-connaissance expérimentée et éclairée où chacun et chacune se retrouve en situation d'apprendre autant sur soi-même que sur l'autre, et cela sans intermédiaire.
Sup de Sub - Mark Hubbard offre, au sein de ses ateliers de recherche et de transmission, une place de choix à l'art cinématographique, ses savoir-faire et sa mémoire du monde.
Le cinéma peut devenir l'élément central d'une dynamique sociale contemporaine nouvelle. Par ce qu'il participe continûment d'un imaginaire collectif, en passe-muraille des individualismes. Par ce ce qu'il est une fabrique permanente, parmi les plus accessibles, de références communes à l'heure pourtant de la fragmentation aggravée. Surtout parce que les moyens techniques nécessaires à son art se trouvent désormais à la portée économique de tous et toutes. Toujours déjà-là, sous la main, une caméra de haute qualité est l'outil le plus présent au monde. Nous sommes des milliards à l’emmener partout avec nous ; y compris ceux et celles qui peut-être ne l'ont jamais ou presque jamais déclenchée jusque-là.
Le cinéma est le médium par lequel nous pouvons tout de suite remettre l'art à la place qu'il n'aurait jamais dû quitter : celle de la fabrique créative du quotidien par chacun et chacune d'entre nous.
Confronté à un très fort désir de cinéma partagé par la quasi-totalité de ses étudiant·e·s, Sup de Sub - Mark Hubbard explore les potentialités d'une intégration en profondeur du cinéma dans le tissu de nos existences au quotidien. SdS-MH contredit l’idée d’une “insertion par le cinéma” par une proposition en acte : la dissolution du cinéma dans le quotidien de ses centaines d’étudiant·e·s, en tant que modalité permanente d'expression et de construction individuelle et culturelle.
"Je louerais une âme à divers étages, qui sache et se tendre et se démonter, qui soit bien partout où sa fortune la porte, qui puisse deviser avec son voisin de son bâtiment, de sa chasse et de sa querelle, entretenir avec plaisir un charpentier et un jardinier […]. Et le conseil de Platon ne me plaît pas, de parler toujours d’un langage magistral à ses serviteurs, sans jeu, sans familiarité, soit envers les mâles, soit envers les femelles. Car […] il est inhumain et injuste de faire tant valoir cette telle quelle prérogative de la fortune."
Montaigne - Les Essais.
L'épisode #6 du Capri-Sonne aborde la question de la langue française telle qu'elle est pratiquée sur les campus de Sup de Sub, et de ses différentes formes croisées. Les un·e·s et les autres apprennent à échanger et à se comprendre en français, quelles que soient leurs habitudes langagières, chacun·e s'accoutumant aux richesses de l'autre et s'enthousiasmant pour elles. Quelques-un·e·s, essentiellement les plus âgé·e·s, proposent une langue dite "soutenue" et son vocabulaire étendu. D'autres, plus jeunes, apportent une vertigineuse richesse et profondeur d'expressions. Passion classique contre beauté ravageuse et véloce ; recherche de précision et de clarté dans une langue calme, qui fait fi des bousculades du temps et de la vitesse désarticulée, contre inventivité éclatante et incessante d'une langue parlée fort, intégrant continuellement des mots nouveaux empruntés à toutes les langues présentes dans les quartiers, cela pour mieux se reconnaître, pour donner autant de couleur que de sens à des formes de vie d'abord inattendues du verbe, pour décrire les situations nouvelles et les sentiments nouveaux que génèrent la fragmentation des villes et une séparation stricte des classes sociales.
Avec
Jean Michel Bruyère, créateur de Sup de Sub,
Souheyb, Maly, et Alla, anciens étudiants et ancienne étudiante de Sup de Sub - Mark Hubbard, promotion Russel, Félix et Yael
Adrien Meguerditchian, primatologue, chercheur au CNRS, au laboratoire CRPN, Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences, à Marseille, qui travaille sur les origines du langage, intervenant à Sup de Sub.
Une émission animée par Julien Chollat-Namy, intervenant au sein de Sup de Sub et membre de LFKs.
L’épisode #4 du Goût du Capri-Sonne explore l’usage que Sup de Sub et ses étudiant·e·s font des arts, de la culture classique et de ses outils : comment retournent-ils et elles leur instrumentalité à leur avantage, pour leurs propres intérêts, c’est-à-dire pour que les membres qu’ils et elles sont d’une jeunesse contrainte par la pauvreté et son faisceau d’inégalités puisse augmenter leurs perspectives et développer une vie choisie. On y parle d’une contre-instrumentalisation, comme on parlerait d’une contre-culture.
En deuxième partie d’émission, Alphonse Clarou, auteur et éditeur, l’un des piliers de l’équipe d’intervention parle de l’usage de l’art philosophique à Sup de Sub et de son importance. Il évoque notamment John Dewey et le mouvement pragmatiste américain.
Cet épisode annonce le suivant, Le goût du Capri-Sonne#5, qui sera son pendant, la face B de sa proposition ; il portera sur la création artistique autonome.
Avec
Naïla, étudiante de la promo 2 de Sup de Sub Marseille
Basile, étudiant de la promo 3 de Sup de Sub Marseille
Jean Michel Bruyère, cinéaste et concepteur de Sup de Sub avec Mark Hubbard
Alphonse Clarou, docteur en sciences théâtrales, philosophe, intervenant de Sup de Sub - MARK HUBBARD
L'émission est animée par Julien Chollat-Namy, membre de LFKs et intervenant à Sup de Sub - MARK HUBBARD.
"L’épisode #3 du Goût du Capri-Sonne, explore l’usage que fait Sup de Sub du temps de ses élèves et les différentes façons que ceux-là et celles-là peuvent avoir de réagir à l’emploi de leur temps, que SdS propose sans jamais l’imposer. Deux élèves ayant montré de très fortes résistances à la gestion de leur temps par autrui, ayant développé des stratégies étonnantes pour conserver quoi qu'il en soit la maîtrise de leur horloge (retards volontaires, présence absentéiste…) expliquent comment ils se sont opposés à une colonisation de leur temps de vie. En deuxième partie d’émission, un psychologue clinicien et hypnothérapeute, intervenant de SdS, parle de la relation tendue entre sa pratique et le temps des autres.”
Avec Jean Michel Bruyère, créateur de Sup de Sub - Mark Hubbard,
Lou Carli, Anna Orsini et Souheyb Dahri, étudiantes et étudiant de la promotion Yaël
Nicolas Ferrier, psychologue clinicien hypnothérapeute
En présence de Julien Chollat-Namy, intervenant au sein de Sup de Sub et membre de LFKs, qui vous parle.
Avec Jean Michel Bruyère, créateur de Sup de Sub - Mark Hubbard,
Tom Bonifay, avocat pénaliste au barreau de Marseille,
Sebastian Bach, référent territorial du travail d'intérêt général (TIG) - Bouches du Rhône,
Billel Meguellati et Maly Bourourou, étudiant et étudiante de la promotion Russel
En présence de Julien Chollat-Namy, intervenant au sein de Sup de Sub et membre de LFKs, qui vous parle.
Avec Jean Michel Bruyère, créateur de Sup de Sub,
Maly Bourourou, Claire Marchetti, Eliot Cassignat et Sara Cletz,
étudiants et étudiantes des promotions Russel, Félix et Yaël…
À la réalisation Alex-Papi assisté de Wilson Bernardo José, étudiant de Sup de Sub, promotion Hugo
En présence de Julien Chollat-Namy, intervenant au sein de Sup de Sub et membre de LFKs, qui vous parle.