Il arrive que l’on fasse la rencontre, plus que l’acquisition à proprement dit, d’objets qui rendent notre quotidien plus confortable. Pour ma part, il y a eu les lentilles de contact à l’adolescence, qui m’ont permis de voir enfin le monde en grand. Et, plus tard, on m’a offert un formidable oreiller à mémoire de forme qui me repose de tout ce que suppose de voir le monde en grand. Aujourd’hui encore, à chaque fois que je retrouve mon fabuleux coussin, je m’étonne de sa capacité à épouser parfaitement les contours de mon crâne ou de mon profil. Je lui suis reconnaissante de savoir adopter le poids, les angles, les petites douleurs de ma trop lourde tête.  Mon meilleur espoir est un peu l’oreiller à mémoire de forme d’un réalisateur ou plutôt, de ses personnages. Elle est chanteuse et compositrice pour l’image. Cette année, c’est elle qui a composé la musique de deux films très remarqués : La voie royale de Frédéric Mermoud et Le consentement de Vanessa Filho d’après le roman qu’on ne présente plus  de Vanessa Springora. Et ce qui m’a frappé dans son travail, c’est sa capacité à accompagner au plus près les protagonistes, à traduire de façon sensible et juste leurs mouvements intérieurs ; elle parvient, subtilement, à remuer en nous, à la façon du ressassement des vagues, les émois de ceux que l’on voit à l’écran. On se sent alors si proches d’eux qu’on dirait qu’ils écoutent cette musique aussi, comme nous, au meme moment, et que l’on se trouve sur le même bateau, sur la meme île, sur le même oreiller, et que ce sont nos têtes ensemble qui sont accompagnées. Quand on entend le travail de mon meilleur espoir, on se rend vite compte de sa grande sensibilité, certes, mais aussi de sa maîtrise, de sa lecture fine et approfondie d’un scénario. Cela doit être une rencontre très apaisante et très confortable pour celle ou celui qui remet son film entre ses mains de musicienne.  Je vous propose aujourd’hui un petit voyage en terre insulaire avec mon meilleur espoir, Audrey Ismaël.  La playlist d’Audrey (par ordre d’apparition dans l’émission) : Rest’ la maloya - Alain Péters Beirut - Nantes  Going to a Town - Rufus Wainwright Blackbird - The Beatles