J’ai appris plein d’infos sur mon meilleur espoir. Ce que j’ai vu et entendu de lui, ce que m’en disent ses partenaires de jeu et amis, ont dressé dans mon esprit un portrait pluriel, parfois difficile à assimiler. Quoi retenir plus particulièrement ? Quel fil tisser entre tous les éléments de sa personnalité, de sa carrière, de son jeu ?Qu’est-ce que ça raconte ? C’est l’histoire d’un type. Un enfant lyonnais aux origines espagnoles. Un ado rebelle passionné de foot. Un jeune adulte qui s’essaye au théâtre et qui y excelle. Un homme qui intègre l’une des troupes de théâtre les plus prestigieuses au monde et qui y fait la démonstration de son talent saison après saison. Un papa qui a lui-même gardé son âme d’enfant. Un acteur enfin, dont les camarades de la Comédie française saluent la virtuosité, le sens du rythme et la drôlerie. Et puis il y a ce que moi je me suis raconté, au fil des années, en suivant sa trajectoire. À la diversité de ce qu’il proposait sur scène, se sont ajoutés les rôles au cinéma, généralement dans des films grand public. On l’a vu notamment dans Novembre ou Couleurs de l’incendie, succès de l’année 2022. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais vu dans un film d’auteur confidentiel. Parce qu’après tout, mon meilleur espoir sait tout faire. Ce n’est pas un acteur qui ne serait que drôle, ou que émouvant, ou que physique ou que sensible ou que cérébral. C’est tout ça à la fois. Dans Si on chantait de Fabrice Maruca par exemple, c’est tout ça. C’est tout ça au service d’une comédie romantique où les petites gens tombent amoureux. « Les petites gens »… Je n’aime vraiment pas beaucoup cette expression. Disons plutôt les gens qui font de leur mieux avec ce qu’on leur a donné dans la vie, c’est-à-dire pas énormément. Les gens qui sont une majorité, souvent assez silencieuse, anonyme et qui ont en partage une culture commune du divertissement, une culture populaire. Et je crois que ce que je préfère chez mon meilleur espoir, c’est précisément ça. C’est qu’il interprète du Shakespeare et du Molière sur la scène du français et qu’il joue à la playstation dans sa loge, c’est qu’il s’intéresse à la langue de Lagarce parce que c’est celle des vrais gens, c’est qu’il aime Dragon ball Z, qu’il s’emporte pour l’Olympique lyonnais, qu’il tourne, à ce stade de sa carrière, dans un court métrage d’Alix Poisson qui s’appelle 1432 parce que le sujet de la violence faite aux enfants le touche au cœur, ce que je préfère c’est qu’il a toujours envie de nous faire entendre le texte, même quand on pourrait croire qu’on n’en est pas capable et pour finir, j’adore l’idée, qu’à la Comédie française,ce soit lui qui détienne le titre de champion de blind test de variété française. Voilà pourquoi je l’aime. Parce qu’il réconcilie tout le monde, parce qu’il n’oublie pas d’où il vient, parce que s’il aime sa troupe comme une famille, sa famille comme des racines et le foot comme une passion, c’est parce qu’il aime nécessairement les autres, il les aime dans le collectif. Voilà, moi c’est ce que je me suis raconté. Et comme en plus il chante super bien et qu’il est sympa, je me suis même dit que sa meuf devait avoir de la chance parce que si ça se trouve c’est lui qui se lève la nuit pour le petit, qui vide le lave-vaisselle et qui referme les portes de placards quand il a fini de cuisiner. Ah ah petite veinarde ! Enfin, ça…c’est vraiment ce que je me suis raconté. Alors sortons du fantasme pour aller à la rencontre d’une vraie personne, mon meilleur espoir est Jérémy Lopez. La playlist de Jérémy : Radiohead – Lucky Véronique Sanson – Ma révérence The Smiths – There Is a Light That Never Goes Out Christophe – Le beau bizarre

Dans la perspective de ma rencontre avec mon meilleur espoir, j’ai eu envie de m’intéresser au mot « gueule ».  Le mot "gueule" vient du latin gula qui signifie "gorge", "bouche", "palais" et même "gourmandise". Et il me semble que tous ces substantifs sont parfaitement appropriés pour parler de mon meilleur espoir. Elle est "portée sur la gueule", expression que je ne connaissais pas, pour dire qu’elle apprécie les plaisirs de la table. Fut un temps, elle a même tenu un blog sur sa sélection des meilleurs restaurants de Paris. Elle est "forte en gueule" : tous ceux qui m’ont parlé d’elle m’ont vanté sa franchise et son énergie. Elle est productrice : métier casse-gueule, dans lequel elle peut être amenée à pousser des coups de gueule, à fréquenter des belles gueules et peut-être, elle nous le dira, à s’en prendre parfois plein la gueule. Elle a produit, entre autres, Tirailleurs, le film de Mathieu Vadepied avec Omar Sy. C’est l’un des plus gros succès du cinéma français en 2022, avec plus de 1,2 million d’entrées, et ça, on peut dire que ça a de la gueule. J’ai l’air de plaisanter comme ça, en faisant la maline avec mon dictionnaire mais ce que je voudrais dire surtout c’est à quel point je suis fascinée et admirative des femmes comme elles. Mon meilleur espoir se sert de sa bouche, le siège du langage, de la pensée formulée, toute la journée, pour argumenter, convaincre, encourager, résoudre les difficultés, protester s’il le faut. Elle se sert de sa bouche pour décider, pour trancher. Un peu comme la lame d’un maître sushis dans sa cuisine, sa parole doit être précise et aiguisée. On m’a parlé de ses grandes qualités de lectrice, de son respect pour les auteurs, de son engagement sincère à réfléchir à leur côté. D’ailleurs, dans ces séances de travail, quand elle est plongée dans ses réflexions, il paraît qu’elle se touche... la bouche. Elle a la langue bien pendue, mais je sais de source sûre que c’est toujours pour être juste, notamment pour réclamer plus et mieux pour les métiers qu’on ne voit pas. Je vous propose aujourd’hui de passer un moment sans langue de bois, avec une boulimique de culture et de travail : mon meilleur espoir est Caroline Nataf.  La playlist de Caroline : The Rome Sextape - V. V. Allin Altin Gün - Leyla TROPICO, Cesare Cremonini, Fabri Fibra - Contrabbando The Knife - Pass This On

Il arrive que l’on fasse la rencontre, plus que l’acquisition à proprement dit, d’objets qui rendent notre quotidien plus confortable. Pour ma part, il y a eu les lentilles de contact à l’adolescence, qui m’ont permis de voir enfin le monde en grand. Et, plus tard, on m’a offert un formidable oreiller à mémoire de forme qui me repose de tout ce que suppose de voir le monde en grand. Aujourd’hui encore, à chaque fois que je retrouve mon fabuleux coussin, je m’étonne de sa capacité à épouser parfaitement les contours de mon crâne ou de mon profil. Je lui suis reconnaissante de savoir adopter le poids, les angles, les petites douleurs de ma trop lourde tête.  Mon meilleur espoir est un peu l’oreiller à mémoire de forme d’un réalisateur ou plutôt, de ses personnages. Elle est chanteuse et compositrice pour l’image. Cette année, c’est elle qui a composé la musique de deux films très remarqués : La voie royale de Frédéric Mermoud et Le consentement de Vanessa Filho d’après le roman qu’on ne présente plus  de Vanessa Springora. Et ce qui m’a frappé dans son travail, c’est sa capacité à accompagner au plus près les protagonistes, à traduire de façon sensible et juste leurs mouvements intérieurs ; elle parvient, subtilement, à remuer en nous, à la façon du ressassement des vagues, les émois de ceux que l’on voit à l’écran. On se sent alors si proches d’eux qu’on dirait qu’ils écoutent cette musique aussi, comme nous, au meme moment, et que l’on se trouve sur le même bateau, sur la meme île, sur le même oreiller, et que ce sont nos têtes ensemble qui sont accompagnées. Quand on entend le travail de mon meilleur espoir, on se rend vite compte de sa grande sensibilité, certes, mais aussi de sa maîtrise, de sa lecture fine et approfondie d’un scénario. Cela doit être une rencontre très apaisante et très confortable pour celle ou celui qui remet son film entre ses mains de musicienne.  Je vous propose aujourd’hui un petit voyage en terre insulaire avec mon meilleur espoir, Audrey Ismaël.  La playlist d’Audrey (par ordre d’apparition dans l’émission) : Rest’ la maloya - Alain Péters Beirut - Nantes  Going to a Town - Rufus Wainwright Blackbird - The Beatles

Tout le monde connaît l’expression “angoisse de la page blanche”, qui serait cette peur paralysante de ne pas parvenir à créer quelque chose de satisfaisant pour son public, de repartir de zéro à chaque nouveau projet et d’avoir tout à recommencer pour gagner ses galons d’artiste. La page blanche serait cet espace vide, stérile qui vous toise de sa supériorité nihiliste. Mon meilleur espoir est loin d’être une page blanche. Il serait plutôt un parchemin ancien et en même temps si bien conservé qu’on ne saurait pas en dater l’origine. Quel âge a-t-on vraiment, finalement, quand vos papiers d’identité vous donnent 25 ans, mais que l’autre monde, celui du cinéma, vous donne surtout 18 ans de carrière. Comme si le 7e art avait trouvé un enfant chéri, parfait pour être « le fils de ». Et souvent le fils de grands noms : le fils d’Isabelle Huppert dans Home d’Ursula Meier, chez Téchiné le fils de Sandrine Kiberlain dans Quand on a 17 ans ou de Catherine Deneuve dans L’Adieu à la nuit, le fils de Virginie Efira dans Continuer de Joachim Lafosse.  Alors oui, je vois chez lui l’enfant, dans la douceur de ses yeux et dans sa grande sensibilité. Mais ce que je vois aussi, et surtout, c’est l’artiste qui se saisit de la page blanche pour en faire un immense espace de jeu. Pour s’essayer à tout, avant que le livre ne se referme. Ce que je vois, c’est la silhouette qui s’épaissit au fil des rôles et une présence qui devient plus physique, plus posée, plus autoritaire, d’une certaine façon. Pourquoi ne pas devenir danseur amateur, le temps d’un film avec François Berléand dans The Last dance ? Ou camper un marquis précieux du 18e siècle aux prises avec un vampire dans l’excellent film d’Adrien Beau, Le Vourdalak ? Avec une page blanche on peut tout faire, même des dessins de Captain America et ainsi rejoindre un groupe de soldats augmentés de la 1ere GM dans une série de science-fiction, à venir sur Canal+.  Pour mon meilleur espoir, l’angoisse ne réside pas dans la page blanche. Elle serait plutôt dans la partition taillée sur mesure, comme s’il n’existait qu’un seul costume.  Parce que, avec une page blanche, on peut faire des avions et s’envoler vite et libre et j’ai bien l’impression que c’est ce que préfère mon meilleur espoir, Kacey Mottet Klein.  La playlist de Kacey : - Post Pie • Daniel Hart - Riverside • Agnès Obel  - Good luck •Vanessa De Mata feat Ben Harper - Gorah • Nitefreak, Emmanuel Jal

Connaissez-vous le mystère du trèfle à 4 feuilles ? Il a presque la même envergure que celui de "l’œuf ou la poule". Trouver un trèfle à 4 feuilles nous apportera-t-il la chance ou le fait d’en trouver un signifie-t-il qu’on est chanceux ? Il y a quelques temps, en rencontrant mon meilleur espoir, j’ai cru trouver la réponse. Ma théorie était que si vous la dénichiez, elle vous apportait inconditionnellement gloire et succès. Pour preuve, c’est mon meilleur espoir qui s’est vu confier la responsabilité de sous-titrer les deux derniers films récompensés de la palme d’or à Cannes : Triangle of sadness de Ruben Oslund en 2022 et tout récemment Anatomie d’une chute de Justine Triet. Oui, mon meilleur espoir est sous-titreuse et traductrice interprète. C’est elle qui a rendu accessibles au plus grand nombre, les non bilingues comme moi, plus d’une cinquantaine de films de langue anglaise ou italienne. Et elle est aussi celle qui rend audible et compréhensible la parole de Fincher, Ken Loach, Julianne Moore, Suzanne Sarandon, Tarantino, Sofia Coppola, Tilda Swinton... liste non exhaustive, lorsqu’ils et elles s’adressent directement au public français lors de masterclass, de rencontres ou d’interviews. Elle s’est invitée sur vos écrans, au cinéma, ou dans votre salon, aussi légère et discrète qu’elle l’est dans la vie. Sa fonction est capitale mais peu de gens s’en rendent compte. Elle ne se fera probablement jamais arrêter dans la rue pour un autographe et pourtant pour le spectateur qui attend religieusement la fin du générique, c’est son nom à elle qui vient achever la messe, son nom que ce spectateur aura vu au moins aussi souvent que le patronyme de la star hollywoodienne qui ouvre le film. Lorsque j’ai rencontré mon meilleur espoir, je ne suis pas devenue riche et célèbre, mais j’ai découvert une personne qui fait son métier avec tellement de cœur et de sagacité, une personne si sensible et humble, que je me suis sentie très en veine. Car ce n’est pas rien tout de même, d’abolir ainsi les frontières, de devenir le relais de la voix d’un artiste dont la portée est mondiale, ce n’est pas rien de porter ainsi atteinte au mythe de Babel, dans l’intérêt général. Lucky us ! Mon meilleur espoir est Anaïs Duchet. La playlist d'Anaïs (dans l'ordre d'apparition dans l'émission) : Younger Years – The Milk Carton Kids Le sang de mon prochain – La Femme I'll be there for you – The Rembrandts My Shot – Lin-Manuel Miranda

Mon meilleur espoir est une Indiana Jones. Imaginez-la en vadrouille, parfois là où personne n’a vraiment envie de s’attarder, à la recherche d’un trésor. Mais à la différence du personnage interprété par Harrison Ford, elle ne déniche pas les reliques ou les manuscrits anciens. Mon meilleur espoir est une collectionneuse de visages, de voix, de personnalités. Elle déniche l’humain. Son chapeau est sa capacité d’adaptation, son fouet sa rigueur dans le travail, et son pistolet son franc parler.  Ce qui les tient l’un comme l’autre, c’est la passion : celle de la science et de l’Histoire pour lui, et la passion absolue du cinéma pour elle. Mais si mon meilleur espoir, comme Indiana Jones, avaient dû s’arrêter après avoir trouvé le Graal, ou les Graal en ce qui la concerne, l’aventure se serait arrêtée bien vite.  En allant à la recherche des autres, est-ce que ce n’est pas un peu une quête de sa propre identité qu’elle mène ? Finalement après quoi le héros de Spielberg courait-il vraiment ? On sait que chaque artefact sur lequel il met la main le révèle un peu à lui-même. A la fin Des aventuriers de l’arche perdue par exemple, alors qu’il se pensait cartésien, il découvre la foi en Dieu. Et elle, que dit d’elle chacun des talents qu’elle a révélés à l’écran, quelle vérité entrevoit-elle dans les yeux d’une Mallory Wanecque ou dans ceux de ses camarades du film Les Pires de Lise Akoka et Romane Guéret ? Car mon meilleur espoir, vous l’avez peut être compris maintenant, est directrice de casting, et elle s’appelle Marlène Serour. La playlist de Marlène (par ordre d’apparition dans l’émission) : L’exil - Laurie Darmon L’axe majeur - Para One (BO Naissance des pieuvres) Banlieusarde - Diams Journey of life - Yom 

Quel est le point commun entre E.T., la créature incarnée par Scarlett Johansson dans Under the skin, le personnage interprété par Keenu Reeves dans Le jour où la Terre s’arrêta et mon meilleur espoir ? Tous sont des extraterrestres. Tous exercent un puissant pouvoir de fascination.  Concernant mon meilleur espoir, ok, je ne l’ai pas emmené dans la zone 51 pour l’examiner mais je peux vous certifier que je l’ai disséqué et étudié dans les moindres détails.  Contre l’évidence, contre le cliché, pour l’ambiguïté, ce serait un peu son slogan en manif : ce que je veux dire c’est que dans ses interprétations il y a toujours ce pas de côté qui nous surprend au moment où on s’y attend le moins et c’est là qu’il nous attrape et nous sidère. Dans Le retour du héros de Laurent Tirard par exemple, il n’y a pas un plan de lui qui ne soit pas une leçon d’acting. Sans dire un mot parfois il est à hurler de rire et en même temps il nous empêche de rire parce qu’il est à lui seul un spectacle dont on ne veut pas perdre une miette, pas même pour se laisser aller à un autre plaisir que celui de la contemplation. Opération assez schizophrénique qui se solde en général par une conclusion basique du type : « wahou il est vraiment trop fort ! » J’ai précisé « sans dire un mot » et pourtant s’il y a bien une chose à côté de laquelle on ne peut pas passer chez lui c’est sa voix, le tissu de sa voix entre le velours et la rugosité de la langue de chat. Le chat encore, dans sa préciosité qui lui donne une forme de sophistication et pourtant, pourtant, il est pour moi l’anti glamour. Je ne peux pas faire la liste de tous les personnages qu’il a incarnés sur la scène de la Comédie française mais il y a joué entre autres, les anti héros, les esprits twistés, les mal aimés ou les carrément haïs, et quand c’est lui qui met en scène, tout récemment dans un spectacle qui s’appelle « Si c’étaient eux ? » il se concentre sur les vieux qu’on pourrait avoir oubliés. Alors, la spécialiste des extraterrestres que je suis devenue par la force des choses veut comprendre par quelle opération supra naturelle il parvient à nous faire entendre les textes de façon aussi limpide, quelle substance il utilise pour nous hypnotiser et nous embarquer en toute confiance dans les confins parfois les plus obscurs de l’âme humaine. Je veux comprendre comment il fait pour nous connaître aussi bien au point de nous faire mourir de rire (il m’a offert mon plus grand fou rire au Français dans La Nuit des rois mis en scène par Ostermeier). Je veux comprendre comment il fait pour susciter l’effroi et le désir tout à la fois (ça c’est dans le Tartuffe proposé par Ivo Van Hove). Je veux comprendre cette innocence et cette fragilité enfantines qui paraissent avant que l’enfant ne se révèle démoniaque. Je ne suis pas assez calée en théologie pour savoir s’il a été touché par la grâce, pas assez en philosophie pour vous dire s’il illustre le sublime mais je suis une spectatrice suffisamment assidue pour vous dire que parmi les acteurs de sa génération il est  la crème de la crème, il est l’épisode 1 de la saison 2 d’X files, il est le Roswell de la mythologie ovni  Je suis hyper fière terrorisée impressionnée curieuse heureuse et impatiente de passer un moment avec mon meilleur espoir, Christophe Montenez. La playlist de Christophe : Tindersticks - Trees fall Souchon - Le dégoût Schubert - Impromptu numéro 3 op 90  Eminem - Till I collapse 

Il y a certaines paires de fesses qui contribuent à façonner des légendes. Quand je dis ça évidemment on pense par exemple à celles de Brad Pitt dans Troie ou dans Thelma et Louise, le film qui l’a révélé. Si je m’autorise cette introduction un peu audacieuse pour parler de mon meilleur espoir, c’est parce que le 1er mot qui me vient quand je pense à lui, c’est l’insolence. Insolence de la beauté Insolence de la jeunesse  Insolence du talent  Insolence comme impertinence, parce que c’est souvent ainsi que je l’ai vu à l’écran, notamment dans Cigare au Miel aux côtés de Zoé Adjani. Charismatique, séduisant voire enjôleur, il excelle dans ce rôle du beau gosse à qui personne ne résiste. Mais mon meilleur espoir, dans la vie, a déjà la solide réputation d’être un gros bosseur. Et je constate en effet qu’il est hors de question pour lui de s’en tenir à la facilité. C’est peut-être pour cela que son parcours retrace déjà un tropisme pour les marginaux, pour les décalés, pour les monstres. Il sort de sa zone de confort quand il incarne les monstres prédateurs sur internet dans Daddy de Marion Siefert sur la scène de l’Odéon, monstre encore, au sens propre, dans Tropic d’Edouard Salier quand le prétendant astronaute aux capacités hors normes se transforme en créature difforme, marginal et révolutionnaire dans le rôle d’Etienne Lantier pour la série Germinal et borderline, enfin , dans la série Mental, où la caméra s’arrête sur un gros plan … de ses fesses. Notre invité callipyge sera-t-il le nouveau Brad Pitt français ? Et pourquoi pas ? Mon meilleur espoir s’appelle Louis Peres. La playlist de Louis : Chet baker - Alone together  Lunatic - Homme de l’ombre  Mooglie - Spacer Whomadewho - Never alone 

Comme beaucoup d’enfants de son âge, mon fils de 4 ans est fasciné par les engins de chantier. Et il ne manque jamais de s’arrêter devant le plus fameux d’entre eux, le roi du BTP, le bulldozer. Parfois, on dit de certaines personnes qu’on considère comme fonçeuses, qu’elles sont des bulldozers. J’ai toujours trouvé ça un peu dépréciatif parce que dans mon esprit, l’expression sous-entendait tout de même une forme de brutalité. Et j’avais peut-être tort, j’étais sûrement trop injuste avec le bulldozer que je voyais comme une machine brusque et effrayante -  sans doute à cause de sa lame frontale profilée portée par deux bras articulés par un mécanisme hydraulique. En tout cas, grâce à mon fils de 4 ans, je réévalue mon jugement et je comprends qu’il est, avant tout, un engin de CONSTRUCTION. Et c’est là où je veux en venir, je peux désormais dire, sans culpabiliser parce que j’ai éliminé toute conation péjorative de l’image, que mon meilleur espoir est un bulldozer. Elle est à l’origine des carrières, sans jeu de mots, elle aide à bâtir les projets, elle évalue le terrain, elle démine les situations, elle aplanit les extravagances qui pourraient nuire à l’émergence du talent, ou même des talents, ceux dont elle s’occupe, puisque mon meilleur espoir est agente artistique. Dès lors qu’un film commence à voir le jour, qu’on joue dedans, qu’on l’écrive, qu’on le produise ou qu’on le réalise, elle est celle sur qui on peut, elle est celle sur qui on doit compter. Mon meilleur espoir est Fanny Minvielle. La playlist de Fanny  (dans l’ordre d’apparition dans l’émission): Willie – Cat Power Deceptacon – Le Tigre Nomalizo – Letta Mbulu Ex-factor – Lauryn Hill

Quand j'étais jeune adolescente, j'étais super fan d'un teen movie qui s'appelait The Craft, traduit en français par Dangereuse alliance. En gros, c'était l'histoire de 4 adolescentes américaines qui s'essayent à la magie jusqu'à ce que leurs nouveaux pouvoirs ne leur montent à la tête et que tout ne bascule dans le film d'horreur. Les actrices étaient canons (c'était quand même avec Neve Campell), la B.O. hyper cool et le potentiel de fantasme et d'identification de 190%. Mon meilleur espoir pourrait jouer dans le remake français, à ceci près qu'il ne chercherait pas à assassiner son boyfriend inconstant. Par conséquent, imaginez plutôt un mélange d'Albus Dumbledore et de Maître Yoda dans le corps d'un trentenaire à la peau dorée par le soleil de Cavaillon. Ses amis le décrivent comme un être profondément bienveillant, attentif aux autres, enclin à la spiritualité, et sage. A l'écran, que ce soit dans Ténor de Claude Zidi Jr ou encore dans Le Dernier mercenaire aux côtés de Jean-Claude Vandamme, ce qui frappe c'est sa drôlerie et une maladresse touchante, une fraîcheur qui donne immédiatement envie de l'avoir dans sa bande. Mon meilleur espoir nous révèlera-t-il son secret pour parler avec les chats ? Comment la lune l'a-t-elle influencé aujourd'hui ? C'est ce que nous allons découvrir avec Samir Decazza.   La playlist de Samir (dans l'ordre d'apparition dans l'émission) : Lo vas a olvidar - Billie Elish et Rosalia Les gens qui doutent - Anne Sylvestre Tombolo - KALASH Pyramids - Frank Ocean

Mon meilleur espoir est un peu comme un monospace avec le moteur d’une voiture de course. Le matin, ce serait le grand départ en vacances, les mioches réclameraient des chansons, tout le monde rigolerait malgré les embouteillages aux péages, de toute façon y aurait la clim et assez de place pour faire la sieste après avoir descendu tous les petits beurre. Mais l’après-midi, dans la montée, au lieu de peiner, elle déclencherait son super pouvoir : son moteur W16 et les jantes en alliage. Ce que je veux dire par là, avec cette métaphore automobile, c’est que mon meilleur espoir est de toute évidence une personne avec qui on se sent à l’aise, et qui carbure à la joie. Et que derrière son sourire généreux, on sent qu’elle en a vraiment sous le capot. Dans un livre pour enfant qui s’appelle Une maman c’est comme une maison, l’autrice, Aurore Petit, s’applique à illustrer tous les rôles d’une maman pour un enfant. Et à la page 4, il y a écrit « une maman, c’est comme une montagne ». Mon meilleur espoir, c’est comme une montagne aussi, parce qu’elle peut être comme une maman (c’est d’ailleurs le rôle qu’elle tient dans Exfiltrés d’Emmanuel Hamon, aux côtés de Swann Arlaud) et parce qu’elle a une force hors du commun, qui peut même devenir effrayante. Raison pour laquelle, peut-être, elle incarne la principale antagoniste de l’héroïne dans Divines de Houda Benyamina. Récemment, un ami passionné d’alpinisme m’a décrit ce que c’était que d’escalader un volcan encore en activité. Il me parlait du grondement qui vient des profondeurs et de cette connexion presque primitive entre cet élément de la nature et son propre corps. C’est à cela que j’ai pensé quand j’ai vu mon meilleur espoir danser sur le rythme des percussions dans Othello de Jean-François Sivadier. Sur la scène de l’Odéon, à ce moment du spectacle, je l’ai vue sensuelle, puissante, envoûtante. J’ai senti, moi aussi, que je répondais à un appel qui venait de loin. Finalement, mon meilleur espoir n’est pas une montagne, c’est un volcan. Elle s’appelle Jisca Kalvanda. Playlist de Jisca (dans l’ordre d’apparition dans l’émission): Lana del Rey- Summertime Sadness. Jul - J’oublie tout. Michael Jackson - They don't care about us   Burna boy - Last last.

  Fermez les yeux. Vous avez 4 ans. Souvenez-vous de toutes ces fois où vous avez joué à courir très vite et à vous arrêter juste avant de rentrer dans le mur. Éprouvez à nouveau cette sensation où l’intensité de votre propre élan vous dépasse. Visualisez ces tout petits pas que vous faisiez, impossibles à retenir, au moment où vous vouliez stopper la course. C’était encore l’époque où vous ne maîtrisiez pas pleinement votre énergie, où votre insouciance d’enfant se mesurait aussi à la maladresse de son corps ; l’enfant est entier dans ce plaisir et dans cette crainte de ne pas tout à fait savoir s’arrêter avant de se faire mal. Mon meilleur espoir est cet élan-là. Elle est cette excitation-là. Elle se lance, elle s’élance et ensuite ? On verra bien. Mais elle, elle ne se contraint pas aux trois petits pas pour éviter le crash. Elle, elle fait d’abord tomber la cloison, et elle s’arrête plus loin, en faisant une belle révérence. Ensuite, elle se retourne, elle regarde et elle dit : « wahhh j’ai couru tout ça ! ». Elle accepte cette force, parfois plus grande qu’elle, qui peut venir de longtemps avant elle, par sa mamie Julia par exemple, pour créer, notamment son 1er long métrage en tant que réalisatrice qui s’appelle Trop d’amour et nous embarquer avec elle et nous dire « Vous êtes fatigués ? On n’est pas fatigué ! ». Quand je pense à mon meilleur espoir, je pense beaucoup à son entourage. Je suis sûre qu’on ne peut pas être carencée en amour quand on la connaît bien. Elle est la vitamine C de l’amitié, le red bull du quotidien, l’émoji jaune soleil avec les deux cœurs à la place des yeux. Mon meilleur espoir est la pétulante Frankie Wallach. Playlist de Frankie (par ordre d’apparition dans l’émission) Going places - kids return  Baby again - fred again  Something from nothing - hnry flwr  L-o-v-e - French version de Nat King Cole

Mon meilleur espoir est un morceau de charbon. On aurait pu passer à côté d’elle, on aurait pu la laisser se cacher, mais ce qui est sûr, c’est qu’une fois qu’on a mis la main sur elle, elle laisse des traces. Avant de la rencontrer, je savais déjà que j’aurai affaire à une personnalité avec du relief. Tous ses attraits physiques m’impressionnaient : sa voix légèrement rocailleuse, et son visage et son regard surtout, dans lesquels il y a à la fois toute l’éternité du monde et toute la candeur de l’enfance ; comme si elle en avait déjà trop vu mais qu’elle avait tout de même cette capacité à s’envoler dès lors qu’elle chevauche sa moto. Et alors, comme par chimie, la dureté de la pierre se change en gaz, léger, si léger… Mais dans son 1er rôle, celui qui l’a révélée, c’est plutôt un coup de grisou qui nous explose à la figure. Mon meilleur espoir incarne une bikeuse prête à toutes les transgressions pour vivre sa vie librement. Elle trace sa route sans autorisation, sans respecter la moindre limitation, sans peur de la chute. Dans Rodéo, de Lola Quivoron, mon meilleur espoir brûle le bitume comme elle brûle sa vie. Et elle incarne son personnage avec un tel naturel, qu’on se prend à imaginer que c’est un peu sa vie pour de vrai. En gros, la meuf envoie du lourd et nous met une claque incandescente. Sous l’effet du feu et de la fureur, le charbon est devenu diamant. Mon meilleur espoir est l’étincelante Julie Ledru. La playlist de Julie (dans l'ordre d'apparition dans l'émission) Ninho - Outro de l'album Destin Red hot chilli pepers - The adventures of Rain dance maggie Dimitri vegas, Like Mike – Mammoth Lindsey Stirling - Crystallize

Mon meilleur espoir est une aventurière. À l’écran, étudiante cannibale, prostituée de luxe, jeune femme enceinte aux abois, footballeuse… Elle est protéiforme et nous annonce clairement que la prise de risque ne l’effraie pas. Fan de David Lynch, de Wong Kar Wai ou de Valéria Bruni-Tedeschi elle admet aussi une sincère curiosité pour l’univers du blockbuster à la Marvel par exemple. Mon meilleur espoir aime son métier et son métier le lui rend bien, comme en témoigne d’ailleurs sa nomination au César du meilleur espoir féminin en 2018. À chaque fois que je pense à elle, je pense à un animal. Je ne vais pas vous mentir, dans la vie, on se connaît. Et je lui ai toujours donné des noms d’animaux. Mais je ne crois pas que ce soit seulement une coquetterie affectueuse. Chez mon meilleur espoir, il y a vraiment quelque chose qui relève du marsupilami effrayé qu’on a envie d’apprivoiser, de la panthère prête à bondir quand on l’énerve et de la vieille autruche à qui on ne la fait pas et qui ira se terrer si le monde l’insupporte. J’ai lu qu’elle avait longtemps étudié les percussions. Ce n’est pas si anecdotique quand on perçoit à quel point elle sait prendre le pouls de son époque. À quel point sa partition est sûre. Être révélée par le cinéma de genre, par un film qu’elle n’aurait sûrement jamais vu si elle n’avait pas joué dedans, incarner une légende du foot dans le très attendu film de Virginie Verrier, porter sur scène des textes de Mona Chollet, ceux de son best seller « Sorcières » … c’est bien qu’elle a du flair non ? C’est bien qu’elle a compris que le cinéma de demain serait féministe ou ne serait pas. Mon meilleur espoir est le nouveau visage de la modernité et elle s’appelle Garance Marillier. La playlist de Garance (dans l'ordre d'apparition dans l'émission) : 10H - Chilla Sparring Partner – Paolo Conte Heroes – David Bowie Dead Man Walking - Brent Faiyaz

Quand je pense à mon Meilleur espoir, mon esprit s’emballe J’imagine un film où une fille comme moi vivrait quelques jours dans la peau d’une fille comme elle. Elle qui n’a ni frontières, ni barrières, ni celles des origines, des pays, et des langues ni celles du talent, ou plutôt DES talents tant elle réunit de cordes à son arc. Danseuse, mannequin, actrice, autrice, productrice…. Rien ne l’arrête. 24 heures dans la vie de mon meilleur espoir ce serait avoir toutes ces casquettes à poser sur une tête bien pleine donc, mais aussi… vais-je le dire ? Oui, je le dis quand même : une tête bien faite, c’est le moins qu’on puisse dire et la fille comme moi, la normale, deviendrait soudainement une beauté kantienne. Et puis dans un second temps ce body swap movie, léger, laisserait la place à un film plus sombre et plus inquiétant. Mon meilleur espoir aurait en réalité accompli un pacte faustien. La perfection aurait un prix : contre sa délicatesse et son enthousiasme, elle serait obligée de décapiter des poussins vivants, en échange de sa plastique mathématique, elle ferait du vaudou sur les dépouilles de top models disparus et pour être aussi douée, elle aspirerait le cerveau de prétendants aux Nobel. En arrivant chez elle, je me suis donc promis de scruter son salon dans la perspective d’y déceler des références un peu trop appuyées à Wilde ou à Goethe. Mais je dois m’y résoudre, il me semble que mon meilleur espoir est juste une fille super, sans intervention occulte ou fantastique, une fille moderne quoi, une fille ancrée. Mon meilleur espoir est la très bien prénommée Gaïa Weiss. La playlist de Gaïa (dans l'ordre d'apparition dans l'émission) : Stephan Micus – Part 1: Earth Red Axes – Flawless Gil Bar Hadas – Haor halavan hamessanever Red Hot Chili Peppers – Higher Ground

Mon Meilleur espoir mesure 1,78 m. Sportif, brun avec un regard doux, rieur et intense, mon meilleur espoir fait partie de ce qu’on appelle… les BG. Mais attention. S’en tenir à l’aspect physique de mon Meilleur espoir sans chercher à comprendre davantage comment il est devenu le coup de cœur artistique d’Abdellatif Kechiche au point d’en faire le héros de son film Mektoub my love, serait une grave erreur. Ce serait passer complètement à côté d’une personnalité solaire, d’une gentillesse égale en toutes circonstances, d’une générosité rare. C’est un peu le grand écart entre ce que l’époque réclame et une résistance face au snobisme généralisé. Comment fait-on pour être un jeune acteur dans le vent sans renoncer à ce qu’il y a de meilleur en nous, surtout quand ce meilleur relève de comportements humains qu’on valorise peu de nos jours : l’authenticité, l’engagement auprès des autres, la pudeur, la gratitude pour ce que l’on a déjà ? C’est une question que je pose aujourd’hui à mon Meilleur espoir, Shaïn Boumedine.