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Philomonaco
Philomonaco
212 episodes
2 days ago
Les Rencontres Philosophiques de Monaco ont l'ambition de créer un "lieu" inédit donnant l'hospitalité aux penseurs français et étrangers qui aujourd'hui la nourrissent de leurs recherches, et accueillant le public le plus large, à qui la philosophie apporte les outils de réflexion nécessaires pour comprendre le monde, la société, les autres et soi-même. Chaque conférence est disponible en podcast avec Philomonaco.

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Les Rencontres Philosophiques de Monaco ont l'ambition de créer un "lieu" inédit donnant l'hospitalité aux penseurs français et étrangers qui aujourd'hui la nourrissent de leurs recherches, et accueillant le public le plus large, à qui la philosophie apporte les outils de réflexion nécessaires pour comprendre le monde, la société, les autres et soi-même. Chaque conférence est disponible en podcast avec Philomonaco.

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Episodes (20/212)
Philomonaco
T’es grave stylé ! // Sébastien Talon

Présenté par Sébastien Talon


Lors d’une soirée, à un flagorneur qui le complimentait en lui disant «Que vous êtes élégant!», Lord Brummel répondit: «Pas assez, puisque vous l’avez remarqué!». La réponse est stylée, mais dit aussi, en creux, ce qu’est le style: ni trop ni pas assez, ni moyenne entre les deux! «Sapé comme jamais»: ça se voit, comme se voyait le costume du dimanche. «Sapé comme toujours»: ça se voit aussi, hélas, comme la veste qu’on porte tous les jours. Trop de tons fait affèterie, absence d’accents fait banalité. Alors si l’habit fait le moine, quand fait-il le style? Du jardin la rose est reine: elle a la beauté, non le style, et fait de l’ombre à toutes les autres plantes. Les fleurs des champs, elles, sont toutes de couleurs différentes, mais jamais elles ne «jurent» entre elles: elles sont stylées, et sont même la vérité esthétique du pré. Le style, c’est la vérité de la forme, qui apparaît sans ostentation, sans «mise en place», sans préparation – un peu comme les figures de la gymnaste, si fluides qu’elles ne laissent plus voir les exercices préparatoires. Il suffit de lire cinq lignes pour reconnaitre un texte de Proust, et regarder cinq centimètres carrés d’une toile pour reconnaître un tableau de Pollock: le style, c’est la signature. Aussi, qualifier de stylée la manière dont une personne s’habille, équivaut à dire: c’est bien toi, je te reconnais! Mais on sait aussi hélas qu’une signature peut être falsifiée…

 


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2 days ago
44 minutes 5 seconds

Philomonaco
Fake news, vérités et complots // Géraldine Muhlmann, David Djaïz, Asma Mhalla, Rudy Reischtag, Patrick Savidan

Présenté par Géraldine Muhlmann, philosophe et journaliste 

Avec David Djaïz, haut fonctionnaire et essayiste

Asma Mhalla, enseignante, spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la Tech

Rudy Reischtag, politologue, écrivain et journaliste

Patrick Savidan, philosophe 



Tout changement du canal d’information provoque des bouleversements, moins sur l’information elle-même que sur la société, la civilisation même, et bien sûr les façons d’agit et de penser. Inutile de remonter au pigeon voyageur ou à l’invention de l’imprimerie: le télégraphe sans fil, on ne s’en souvient guère, a provoqué un véritable hourvari social et politique, les uns y voyant un miracle divin, d’autres l’œuvre du démon. Les pionniers d’internet et du Web espéraient qu’un canal numérique ouvert à l’information et à la communication pût ouvrir à tous et toutes la possibilité d’une expression propre, libre et aisée, dont chacun(e) aurait le loisir de faire usage et participer ainsi, sur le modèle d’un Wikipedia idéal, à l’édification d’un royaume des savoirs et de la connaissance, transparent, fiable. Ce n’est pas ce qui est arrivé. La révolution numérique, Internet, le Web, le réseau superposé du Darknet, les smartphones, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle, causent non des bouleversements mais un véritable chaos, où coexistent le meilleur et le pire, et créent un «autre» monde que les outils dont on disposait dans ce monde-ci ne permettant pas de comprendre entièrement. La victime principale en est aujourd’hui la vérité elle-même, considérée, à l’instar d’une peinture métallisée pour une voiture, comme une simple option, facultative. L’anonymat aidant, sont apparues des millions de sphères autonomes et incontrôlées dans lesquelles pseudo-théories, croyances, simples avis, fadaises, incompétences, complotismes font office d’ «information», et forment en fait des marécages brumeux où nul ne sait plus ni où il est ni ce qu’il en est des choses. Comment se tirer des sables mouvants, quand la conversation sociale devient si nerveuse, quand la science elle-même est soupçonnée et décriée ?


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4 months ago
1 hour 11 minutes 37 seconds

Philomonaco
La difficulté de dire et de faire entendre la vérité // Laurence Joseph, Florence Askenazy, Robert Maggiori, Flora Bastiani, Jean-François Ciais

Femmes

Présenté par Laurence Joseph, psychologue et psychanalyste

Avec Florence Askenazy, psychiatre et professeure de psychiatrie


Soin

Présenté par Robert Maggiori, philosophe

Avec Flora Bastiani, philosophe

Dr. Jean-François Ciais, Chef de Service de Soins de Support et Soins Palliatifs du CHPG



Quand la vérité «éclate», elle le fait non comme fusil qui vise une cible, mais comme un engin de terreur, qui, aveugle, explose tous azimuts, frappant tout le monde de ses éclats - une famille, une foule, une communauté, une société. C’est pourquoi, difficile à dire quand son détenteur en sait l’importance et évalue bien les conséquence de son dévoilement, la vérité est encore plus difficile à entendre, lorsqu’elle balaie tout ce à quoi on croyait et tout ce avec quoi on avait construit son existence. En ce sens, la difficulté de dire la vérité décroît si sa révélation s’accompagne de la conscience que la personne (ou le groupe, la communauté…) qui la reçoit est «armé» pour la recevoir, c’est à dire est capable d’intégrer les éléments révélés dans la construction de sa propre vie (ses valeurs, ses perspectives, ses espoirs…) ou celle du groupe concerné. La difficulté apparaît plus grande au contraire quand la vérité - ou la réalité d’un fait, une trahison, une maltraitance, une humiliation… - «ne peut pas» être entendue parce que cette capacité fait défaut: c’est le cas de l’enfant par exemple, qui pourrait ne pas avoir la force intellectuelle ou la résistance émotionnelle pour «entendre» et assimiler l’annonce du divorce imminent de ses parents ou de la disparition d’un camarade de classe; le cas d’une femme qui subit des violences qu’elle n’arrive ni à avouer ni à dénoncer parce que l’emprise subie maintient encore une part d’attachement, ou parce qu’elle ne parvient pas à faire que la honte champ de camp; le cas d’un individu à peine inquiet de quelques troubles de son comportement qui découvre le diagnostic d’une sérieuse maladie mentale; le cas d’une personne dont la vie est précaire et le psychisme vulnérable, à qui un médecin doit révéler une maladie cancéreuse, ou encore le cas d’un patient en soins palliatifs, qui se trouve dans l’impossibilité d’inscrire ce qu’on peut lui dire dans une temporalité, le futur des projets. La vérité serait-elle comme le soleil, qu’on ne peut «regarder en face»?


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4 months ago
46 minutes 14 seconds

Philomonaco
Les secrets de famille // Claire Marin, Laurence Joseph, Vanessa Springora

Avec : 

Claire Marin, philosophe

Avec Laurence Joseph, psychologue et psychanalyste

Vanessa Springora, écrivaine et éditrice



De quoi sont pleines les vieilles armoires en noyer héritées des grands-parents, qui eux mêmes l’avaient eue de leurs parents? De squelettes, de fantômes, d’ombres - et de secrets de famille, enveloppés dans des draps poussiéreux avec les souvenirs tus de mensonges, de trahisons, d’infidélités, d’abandons, de maladies cachées, de violences, de saloperies, d’exactions inavouées et inavouables… Les secrets de famille ne sont jamais mangés par les mites ni réduits en cendres: ils sont comme des braises qui ne se consument guère et qui ne se muent en lave brûlante qu’à l’air libre de la révélation et du scandale, et acquièrent alors la puissance d’une terre de feu coulant vers la famille et sur la famille comme un fleuve irrésistible. Etouffés, murés, les secrets de famille sont comme les non-dits de la transmission transgénérationnelle, tels qu’ils altèrent, hantent ou biaisent - comme le feraient une absence, un manque inconscient, une perte insoupçonnée - le rapport à soi-même et aux autres, la construction de soi, la fabrique de l’autonomie et de l’identité. Ceux et celles qui les gardent avec zèle, gagnent le pouvoir et en tiennent les rênes, contrôlant ainsi - ou croyant protéger - les places assignées des individus et l’ordre de la famille. Ceux et celles qui forcément les ignorent, et ignorent donc ce que l’inconscient familial a refoulé, vivent de guingois, obérés par quelque doute indéfini, des soupçons, un savoir insu, des souvenirs trop lointains, le sentiment diffus que quelque chose leur a été sciemment caché, et accèdent peut-être plus malaisément à la pleine connaissance de leur histoire, de leurs origines, de leur subjectivité - un peu comme cet individu qui ne marche plus normalement dans la rue parce qu’il a l’impression d’être suivi par quelqu’un, une ombre, un fantôme. Mais quand advient le scandale, quand le secret est percé ou révélé, quand l’armoire est renversée, tout change, souvent dans la douleur, tout le paysage social, toute la constellation des rapports, avec soi, avec la famille, avec les autres, avec le monde entier… Avant qu’en tête ne viennent d’autres doutes: mais a-t-on vraiment tout dit, tout révélé ?


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4 months ago
1 hour 13 minutes 23 seconds

Philomonaco
Peut-on tout dire aux enfants ? Parole et sexualité // Isabelle Alfandary, Cécile Ladjali, Chloé Sallée

Avec : 

Isabelle Alfandary, Auteure et professeure, membre du Jury

Cécile Ladjali, Enseignante

Chloé Sallée, Magistrate


Il est illusoire de penser qu’on puisse «tout dire». D’une part parce que le réel déborde la pensée et la pensée le langage. D’autre part parce qu’il arrive aussi qu’on ne soit pas même capable de tout s’avouer à soi-même. Aussi faut-il voir dans «tout dire» une manière pudique d’éviter de dire ce qui choque, blesse, irrite, mortifie, ce qui serait mal pris ou non compris, ce qui serait inacceptable, ce qui ne pourrait pas être «assimilé» par celle ou celui à qui on dirait «tout». Parents, éducateurs, thérapeutes se trouvent confrontés à ces «limites» lorsque le «tout» inclut l’accident, la maladie, la mort, ou bien touche à ce dont les enfants n’ont pas encore expérience et qui va profondément modifier non seulement leur corps et leur esprit mais les «visions du monde» qu’ils auront à élaborer. Le développement des organes sexuels, l’éjaculation, les règles, la grossesse, la naissance, la nudité, la pudeur, le genre, les rapports sexuels, la sensualité, l’érotisme, la pornographie… Quand et comment, à l’école, en famille, «tout dire» de cela, sans tabous ni fables – avec l’assurance que connaissances et informations peuvent être comprises, assimilées, gérées et transformées en ressources de vie par les enfants? La question est encore plus complexe et délicate lorsqu’un enfant n’a pas seulement eu accès à une information d’ordre sexuel, mais lorsqu’il a subi en acte un abus sexuel si brutal qu’il a forclos en lui toute possibilité de «dire» et de «témoigner» (devant ses parents, devant des assistances sociales, devant un juge), sinon tout espoir d’être «écouté».


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4 months ago
1 hour 2 minutes 43 seconds

Philomonaco
La vérité en art // Paul Audi, Celia Bernasconi, Didier Ottinger, Raphael Zagury-Orly

Avec :

Paul Audi, Philosophe, membre du Jury

Celia Bernasconi, conservatrice en chef

Didier Ottinger, conservateur

Raphael Zagury-Orly, philosophe, membre fondateur


Si la vérité a à voir tantôt avec la connaissance, en ce qu’elle est, dans son sens basilaire, concordance entre une pensée, un jugement ou une théorie et le réel (ou un segment de réel, car celui-ci est infini) et s’oppose donc à la fausseté, tantôt avec la morale, en tant que dire-vrai qui s’oppose au mensonge, alors son rapport avec l’art se révèle, dans les deux cas, énigmatique. En quoi l’art saisirait-il une partie du réel, même momentanément – comme le fait la science – et en quoi pourrait-il (ne pas) mentir ? En réalité, les choses ne sont pas aussi simples, car l’art, qu’il soit plastique, visuel, graphique ou sonore, laisse bien voir ou entendre quelque chose du monde, sinon ce qui, dans le monde, ne s’entend pas ou ne se voit pas. On objecte en général qu’il y aurait là quelque illusion, puisque le « sens » que l’on attribue à l’art relèverait de la subjectivité et de l’interprétation que chacun donne ou fait sienne d’une œuvre, ce qui, au mieux, autoriserait à dire que l’art produit et fait coexister une multiplicité de vérités. Mais cette option est elle aussi fragile, car, à l’admettre, on ne comprendrait pas comment une œuvre d’art pourrait continuer à produire du sens, interroger, inquiéter, réjouir, plaire, alors même qu’elle perdure à travers les siècles et qu’à travers les siècles les régimes de subjectivité, de sensibilité et d’intellection ont mille fois changé. Aussi la vérité de l’art ne peut pas être celle de l’« individu » qui la produit ou la reçoit, mais une vérité du monde et de l’humanité qui « contient » même ce que l’humanité, avec ses outils de connaissance, de sensation et de « sentiment », ne peut pas dire du monde ni d’elle-même.


En collaboration avec le Centre Pompidou et le Nouveau Musée National de Monaco


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4 months ago
1 hour 25 minutes 48 seconds

Philomonaco
L’Identité // Pierre Guenancia, Paul Audi, Judith Revel, Marie Garrau, Raphael Zagury-Orly

CONVERSATION

Raphael Zagury-Orly, philosophe, membre fondateur, 


Avec : 

Pierre Guenancia, Philosophe

Paul Audi, Philosophe

Judith Revel, Philosophe 

Marie Garrau, Philosophe


Comme sur certains flacons de substances chimiques, sur le mot «Identité» est collée une étiquette: «Attention danger – Manier avec précaution». Jamais en effet une notion n’a été aussi apte à enflammer soudainement les esprits et provoquer non des prises-de-bec mais de véritables affrontements. Pourtant elle ne semble pas, de prime abord, toxique. L’identité, c’est tout ce qui rend une entité définissable et reconnaissable, au sens où elle possède un ensemble de qualités ou de caractéristiques qui la distingue d’autres entités. En d’autres termes, l’identité est ce qui rend deux choses une seule chose, «identiques» donc, ou bien les rend différentes. Dans les sciences sociales ou ethno-anthropologiques, le concept d’identité se relie, d’une part, à la façon dont un individu se considère et se construit lui-même en tant que membre de tel ou tel groupe social, nation, classe, religion, ethnie, genre, profession, etc., et, d’autre part, à la manière dont les normes qui régissent ces groupes lui permettent de se penser, se situer, se lier aux autres, aux groupes auxquels il appartient, et, par des voies parfois plus tortueuses, aux groupes «extérieurs», perçus comme altérité. Alors pourquoi est-il si sulfureux? Eh bien parce qu’on le saisit selon des modalités politiques différentes, des idéologies ou des «conceptions du monde» différentes.(...)


En algèbre, notamment, elle sera l’égalité entre deux expressions qui se révèle valide quelles que soient les valeurs prises par les variables qui y apparaissent, par exemple: (x + y)2 = x 2 + y 2 + 2xy. En psychologie, l’identité est une des caractéristiques formelles du Moi, qui sent sa propre mêmeté et sa continuité dans le temps comme centre du champ de sa conscience, autrement dit le sens et la conscience de soi comme entité distincte et continue (qui peuvent se perdre dans certains troubles psychiatriques). Et ainsi de suite… L’identité est devenue une notion brûlante lorsqu’en sciences sociales on a commencé à parler d’identité collective, devant, entre autres, la réémergence de conflits ethniques dans maintes sociétés occidentales, entre les années 60 et 70, et l’apparition sur la scène sociale de mouvements dont la base était moins la classe sociale, comme le pronait le marxisme, que par exemple des différences générationnelles ou sexuelles, et qui exigeaient d’autres approches à la fois des logiques de l’action commune et des nouveaux liens d’appartenance. Les premières oppositions apparaissent alors: dans un camp, on entend l’identité collective comme quelque chose d’immuable, de «naturel», d’éternel, que l’on solidifie par l’édification de mythes et de symboles communs, des rites de célébration et des commémorations, de l’autre on la conçoit comme élaboration culturelle, contingente, comme construction historique, sujette au changement, à la «ré-formulation». Or, si l’identité renvoie à une «completude», à une «pureté» interne, elle impliquera le retrait, la protection, la méfiance, les frontières et les murs, l’éloignement et la mise à l’écart de toute altérité, de toute différence, la célébration du soi et la malédiction de tous les autres, les « ennemis », vécus comme menace mortifère, et dont l’intégration désintégrerait la communauté d’identiques. Mais si l’identité n’est ni «naturelle», ni substantielle, mais relationnelle, si elle a une matrice allogène, si elle est faite d’apports, d’intégrations, d’inclusions, de contributions souvent imprévisibles, d’hybridations, alors elle laissera le groupe, la communauté et la société toujours ouvertes, accueillantes, dynamisées par la présence des uns et des autres, aussi différents soient-ils.




Robert Maggiori


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7 months ago
1 hour 47 minutes 27 seconds

Philomonaco
La zizanie – Dialogues, clivages et conflits // Sylvaine Bulle, Hélène L’Heuillet, Rudy Reichstadt, Raphael Zagury-Orly

CONVERSATION


Raphael Zagury-Orly, philosophe, membre fondateur, 


Avec : 

Sylvaine Bulle, sociologue, 


Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste et 


Rudy Reichstadt, politologue, écrivain et journaliste.



Le mot zizanie, y compris dans sa sonorité, a quelque chose de léger, d’enfantin, de drolatique: on ne l’attend pas lorsqu’on songe à la gravité des conflits qui agitent le monde d’aujourd’hui, aux crises, aux contestations violentes, aux meurtrières rivalités de clans, aux actes de barbarie, aux attaques terroristes, aux arasements de villes, aux bombardements et à la guerre de tranchée… Il évoque plutôt la bisbille, la brouille, la querelle. Les céréaliers ne l’entendent pas ainsi, car le nom est celui d’une plante – une graminée, du genre lolium, «enivrante» (Lolium temulentum) et envahissante comme le raygrass ou l’ivraie – qui a le pouvoir d’infester les champs de blé et, jadis, de ruiner les récoltes. Elle est un diable au fond, qui veut priver les bonnes gens de leur pain. Le paysan sème de bons grains dans son champ, mais un bougre, son ennemi, durant la nuit, y plante la zizanie. La grain mûrit, mais la mauvaise herbe aussi: comment arracher l’une sans déraciner l’autre? Il faut les laisser pousser ensemble: à la moisson seulement on arrachera la zizanie, la liera en gerbes, la brulera, et en emplira le grenier du bon blé. C’est cette parabole évangélique (Mathieu, 13, 24-30) qui va rendre la zizanie/ivraie célèbre, si on peut dire – en faire l’emblème du mal, si mêlé au bien qu’il en rend difficile la connaissance et l’exercice.


Aujourd’hui ce n’est pas dans les champs de blé qu’est semée la zizanie, mais – sous forme de pommes de discorde, de motifs d’affrontements, de tensions, de dissensions, d’invectives haineuses… – dans le corps social et dans l’esprit du plus grand nombre. Aussi ne s’agira-t-il pas d’analyser les causes et les conséquences des conflits armés qui ensanglantent le monde, et l’Europe en particulier, mais de réfléchir à cette lèpre particulière qui a empoisonné les rapports entre les personnes, rendu les sociétés qu’on disait «liquides» plus dures, nerveuses, colériques, prêtes à exploser, transformé le dialogue social en bruit continu, en cacophonie où seuls se distinguent les sons les plus aigus, les vociférations, les mots d’ordre les plus radicaux et simplistes, les appels les plus haineux, les arguments les plus absurdes, les anathèmes, les expressions de croyances et d’avis les plus invraisemblables… (...) Qu’est un dialogue en effet, sinon la tentative de pousser la pensée, par reprises successives, à aller au plus près du réel, et donc d’approcher une vérité à travers (dia) la confrontation raisonnée, raisonnable, rationnelle des idées ou des théories – et établir un accord, une concorde? Or, si la vérité est «optionnelle», si le sophisme la vaut, si l’erreur, la fredaine, la bévue l’équivalent, si la fausse nouvelle est plus efficace et «impactante» que la vraie, tout pourra être ramené à un «avis», toute science sera opinion, toute statistique un «montage», tout raisonnement une entourloupe, tout accord un calcul, tout consensus un piège – bref, rien ne sera déligitimable, aucune propagande, aucune pression, aucune méthode d’«influence», aucun tour de passe-passe, aucune mystification, aucune âneries, aucun coup – abus de faiblesse, coups de poing et coups de batte – aucune prévarication, aucune violence, aucun harcèlement. A tel point que nul ne sait plus «quoi penser», qu’on n’ose plus «intervenir dans la conversation», craignant les tombereaux d’injures qui vont arriver quels que soient les propos tenus, qu’on se retire, muet, dans une sorte de désarroi – la maladie qui apparaît lorsqu’on ne sait plus «faire société».


Robert Maggiori


© Les Rencontres Philosophiques de Monaco



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8 months ago
1 hour 43 minutes 46 seconds

Philomonaco
Amour, désir et sexualité // Emma Becker, Fabienne Brugère, Samuel Dock, Robert Maggiori

CONVERSATION


Présentée par Robert Maggiori, philosophe, membre fondateur


Avec : 


 Emma Becker, écrivaine


Fabienne Brugère, philosophe et critique d'art


Samuel Dock, psychologue clinicien et écrivain


Un amour-passion, intense et brûlant, croissant de jour en jour, un désir toujours renouvelé, qui se retire un temps et revient plus puissant comme vague à marée montante, une sexualité épanouie, débridée et sans tabous, porteuse assidue de plaisirs et de jouissances inouïes… Associés, il rendraient tout le reste inessentiel, feraient de la vie un long fleuve joyeux. Mais le sont-ils vraiment? Il est rare que l’amour soit sans désir, mais il peut être sans sexualité, il est philia, il est agapé, il est caritas et ne s’engage pas forcément sur le chemin que lui ouvre eros. Le désir – dont on sait que l’origine signifie «cesser de contempler les astres», c’est-à-dire prendre acte de l’absence – meut l’amour et pousse au sexe, mais tout aussi bien au voyage, au travail, au sport, à la lecture, à la bonne chère et au bon vin, au travail même, comme à l’envie de ne rien faire. Quant à la sexualité, elle peut être sans amour, et même, mécanique, routinière, automatique, sans désir. Mais il est difficile de le reconnaître: tu ne m’aimes plus, dit-on – pour dire «tu n’as plus envie de moi», ou l’inverse, comme si aimer, désirer et jouir étaient synonymes. Le désir a tellement d’objets – tous manqués, sinon le désir cesserait de désirer – qu’il en devient tyrannique. L’amour tellement de formes qu’on n’en reconnaît plus aucune, sinon celle qui de toutes est l’invisible sous-bassement, et qui assurément les vicie: l’amour de soi, la philautie, ou pire encore, l’amour non de l’autre mais de l’amour lui-même. La sexualité est tellement ancrée dans les viscères du corps et les zones impénétrables de l’imaginaire et du fantasme qu’elle en devient «intransmissible», pas même capable d’établir un «rapport sexuel», lequel, comme disait Lacan, n’existe pas, puisque les êtres humains demeurent, sur la plan de la jouissance sexuelle, «en exil», sans produire de partage, sans jamais faire Un avec l’Autre, le corps ne pouvant «se jouir» que comme Un sans l’Autre, auto-érotiquement. Aussi vouloir marier amour, désir et sexualité relève-t-il du rêve, de la tentative de construire des châteaux en Espagne avec des briques défectueuses et du ciment friable. Vision catastrophiste, qui est peu ou prou celle de chacun(e), mais qui n’empêche personne de tenter l’aventure, de vouloir aimer (bien que l’amour échappe à la volonté et arrive sans que nul ne l’ait décidé), de continuer à désirer (bien qu’aucun désir ne soit jamais satisfait, sinon il mourrait) et de chercher à jouir (bien que la jouissance sexuelle soit le sceau de l’impossibilité d’être «avec» autrui).

Mais on a beau dire que l’amour torture, que le désir enchaîne, que le sexe divise, rien n’y fait: chaque femme, chaque homme sait que les maux qu’il procurent font les chants les plus beaux, que sans amour, sans désir, sans plaisir l’existence serait un sombre tunnel d’où nul ne se sentirait capable de sortir – sauf ceux et celles qui aiment justement, capables de déplacer les montagnes, de creuser la terre à mains nues ou de voler comme les oiseaux.


Robert Maggiori


© Les Rencontres Philosophiques de Monaco



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9 months ago
1 hour 36 minutes 5 seconds

Philomonaco
La sécurité // Monique Canto-Sperber, Thierry Balzacq, Laurence Joseph, Raphael Zagury-Orly

CONVERSATION

Présentée par Raphael Zagury-Orly, philosophe, membre fondateur

Avec : 

Monique Canto-Sperber, philosophe

Thierry Balzacq, politologue

Laurence Joseph, psychologue et psychanalyste


La sécurité n’a pas l’éclat de la liberté – ni de l’égalité, ni de la fraternité/sororité. Elle semble être une vertu du retrait, de l’abri, quand les autres sont d’ouverture et d’élan. Par sécurité, on peut entendre cette condition qui permet qu’on soit ou se sente protégé des dangers et des risques, ou bien qui donne la possibilité de prévenir, d’éliminer ou de rendre moins graves les dommages, les difficultés, les événements déplaisants, contrariants, fâcheux, néfastes. Dans l’empire romain, Securitas était la déesse garante de la sécurité publique et privée: elle était représentée sur les monnaies entourée de quatre attributs, le trône (hégémonie de Rome), la lance (combat contre les ennemis), la corne (prospérité) et la feuille de palmier (offrande de paix), et appuyée sur une colonne, dans une posture censée symboliser le calme et la «force tranquille». Mais le mot même de securitas est curieux, puisque, composé de sine (sans) et de cura (soin), il semble renvoyer à un sens contraire à celui qu’évoque la sécurité, qui n’est en effet pas entendue comme absence de soin, de prévenance ou d’attention. Aussi, comme le suggère Tacite dans ses Historiae, faudrait-il y voir quelque chose d’ «inhumain» (inhumana securitas), au sens où l’ absence de soin, d’attention, serait en réalité une absence de souci, une coupable indifférence devant le déploiement de la violence (la guerre civile à Rome en 69), sinon une certaine cécité à distinguer le bien du mal ou un carence totale du sens de la responsabilité – facteurs qui, unis, laissent prospérer… l’insécurité et les risques de danger. Bi-face, la securitas «laisse faire» et «soigne», autrement dit cherche à neutraliser tant les éléments de trouble, les exactions et les conflits que l’ «irresponsabilité» qui les rend efficients: c’est ce dernier sens qui a prévalu, et qui a fait que securitas rencontre libertas.

(...)

Le lien complexe entre liberté et sécurité apparaît dans tout le constitutionnalisme moderne, sous diverses variantes. La première Constitution nord-américaine (Virginie, 1776) garantit la sécurité en vue de quelque chose d’encore plus désirable que la liberté: le bonheur – alors que la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 proclame que le but de toute association politique est la préservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme, à savoir la liberté, la propriété, la sécurité et la résistance à l’oppression – ce par rapport à quoi la déclaration thermidorienne de 1795 apparaît davantage de «gauche», qui juge que la sécurité « résulte du concours de tous pour assurer les droits de chacun ». Assurer la sécurité, autrement dit, n’est pas léser la liberté, mais la rendre possible, de façon certes plus malaisée que celle qui permet à l’insécurité de la rendre difficile. Mais quelles limites peuvent être mises entre la sécurité et le «tout-sécuritaire», entre la légitime protection et l’obsession «panoptique» du contrôle qui saisit un Etat à l’advenue de «situations-limites», telles des pandémies ou des attaques terroristes ?


Robert Maggiori



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11 months ago
1 hour 33 minutes 1 second

Philomonaco
La réputation // Margot Déage, Maud Ventura, Gloria Origgi, Robert Maggiori

CONVERSATION

Présentée par Robert Maggiori

Avec : 

Margot Déage, Sociologue

Maud Ventura, Écrivaine 

Gloria Origgi, philosophe


De même que l’on parle et devient sujet en recevant la langue des autres, de même ce que l’on est et ce que l’on pense dépend, en grande partie – du moins originairement – de ce que les autres pensent et pensent que je suis. Aussi le matamore ou l’olibrius qui affirmerait ne tenir aucun compte de ce qu’autrui pense de lui serait-il peu crédible. Chacun sait qu’un seul mot venant d’un proche, voire d’un inconnu, peut aussi bien redonner courage et vie que blesser mortellement l’âme. De ce que l’on dit (fari) ou pense (putare) de nous, naissent soit la fama (laquelle, avant d’être «gloire» ou «célébrité» est d’abord une nouvelle, souvent incontrôlée, qui se diffuse rapidement et largement), soit la réputation, faite des opinions, des jugements, des façons, positives ou négatives, dont on est «estimé» ou «considéré» par autrui. Il serait hasardeux d’estimer que la réputation relève moins de ce que l’on est que de ce qu’on a fait, publiquement. Répondant assez mal à la volonté, aléatoire et peu susceptible d’être contrôlée, elle ne se réduit cependant pas à une simple «extension» du moi, pas plus que l’habit ne fait le moine. Elle est une forme de présence d’autrui et de la société en moi, dont je ne puis (ni ne veux souvent) me départir et qui, un peu comme un accent dans la façon de parler, m’annonce, me précède («elle arriva pour un concert à Paris précédée d’une réputation sulfureuse…»), me préfigure, me porte… C’est pourquoi, comme à l’honneur autrefois, l’atteinte à la réputation écorche non l’apparence mais la personne elle-même. Certes, on peut rester coi, vivre heureux en vivant caché, mais si l’on a recherché une «visibilité», la renommée ou la célébrité, et qu’on les a gagnées par son travail, ses talents, ses exploits, son art, alors leur amenuisement ou leur volatilisation seront vécues comme une sorte de mutilation, qu’accompagne la souffrance du «retour à l’anonymat». C’était le cas, jadis, de certaines figures du sport ou du spectacle, dont plus personne ne retrouve les noms ni ne sait qu’elles eurent à une époque une immense popularité.

La révolution numérique, les réseaux sociaux, la communication instantanée et généralisée ont modifié les choses. La réputation n’est plus attachée à une notoriété acquise par ses œuvres (peu importe leur nature: cinématographiques, architecturales, culinaires, sportives, artistiques, littéraires, graphiques….) mais peut naître en quelques secondes d’un tweet, d’une story, une image ou une vidéo qui «font le tour du monde». Plus encore: elle est liée à la simple «activité», souvent ludique, à laquelle chacun(e) se livre sur les réseaux sociaux et qui, volens nolens, suscitent une e-reputation, tantôt durable, le plus souvent éphémère, mais, du fait qu’à sa formation contribuent de parfaits inconnus, totalement incontrôlable et à la merci de tous. (...) Il suffit d’un message, repris et relayé avec une incompréhensible et ignoble gourmandise – un ragot, un persiflage, une calomnie, une allégation gratuite… – pour ruiner une réputation, ou plutôt l’inverser en «mauvaise réputation», sceau infâme imprimé non sur les «habits» de la victime mais sa peau même. Que s’est-il passé dans la société pour que naisse à si grande échelle le désir de dénigrement, de diffamation. Si « l’ homme est un loup pour l’homme », la guerre, on le sait est de tous contre tous. Mais qu’advient-il s’il se mue en corbeau, postant, la nuit, dans des réseaux asociaux, messages et lettres de délation?


Robert Maggiori




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11 months ago
1 hour 33 minutes 47 seconds

Philomonaco
C’était mieux avant ? // Cynthia Fleury, Robert Maggiori, David Djaïz

N’a-t-on pas dit, longtemps, que du passé il fallait faire table rase, afin que les lendemains chantent et que l’avenir soit radieux ? Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et aujourd’hui il semble bien qu’on ait changé de cap et fait un demi-tour complet : on ne veut plus regarder vers le futur, inconnu, trop chargé de menaces encore indéchiffrables, et on se retourne avec délectation vers le passé, connu, irréversible, mais interprétable à loisir, tel un mythe. Déjà rognée par de multiples et plus ou moins vraisemblables dystopies, l’utopie cède la place à ce que le sociologue Zygmunt Bauman a nommé, dans un ouvrage écrit quelques mois avant sa disparition en 2017, une « rétrotopie », faite de la volonté rétrograde de revenir à un passé tantôt réinventé, tantôt idéalisé ou sacralisé, qui fait dire à ceux et celles qui la portent : « C’était mieux avant ! »

Comment expliquer cette navigation à rebours, dans les mentalités, les postures sociales ou les discours politiques ? Cela n’existe pas, une société ou une civilisation qui affirme : voilà, la perfection est atteinte, en tous les domaines, il s’agit désormais d’aller vers le moins bien, le pire. Comme l’écrit Thomas d’Aquin (Somme théologique, I-II, Q97, a1), il semble naturel, pour la raison humaine, d’« aller par degrés de l’imparfait au parfait », ou du moins de s’en approcher « progressivement ». Ce qui est pensé et fait, partout et à toute époque, l’est toujours en vue d’une amélioration, d’un pas en avant, d’un progrès – même si les résultats, ensuite, non calculés, non prévus, se révèlent catastrophiques. Nul n’aurait l’idée de construire exprès des ponts moins solides, des télescopes moins précis ou des avions moins sûrs que ceux qui existent. C’est pourquoi l’avenir demeure un habitat naturel d’espoirs et de légitimes expectatives – sinon une sphère de liberté, où tout peut encore advenir. On peut comprendre évidemment que l’élan vers le futur, telle la perche du sauteur en hauteur, s’appuie sur le sol de la tradition, de ce que le passé a charrié comme expériences, leçons, mises en garde. Mais comment comprendre que la foi dans le progrès – au nom de laquelle on a parfois justifié le pire – se dissipe et puisse laisser se répandre une « épidémie globale de nostalgie » (Bauman), voire un passéisme qui se rend lui-même aveugle aux réalités présentes ? C’était vraiment mieux avant ? Mais avant… Quand ? Avant 1989 ? Avant les Trente glorieuses ? La Première guerre ? L’âge des Lumières ? La Renaissance ? Le Moyen Âge ? l’Empire romain ? Quand il y avait l’esclavage, quand les enfants mouraient en nombre à la naissance, quand les femmes n’avaient aucun droit, quand on ne savait pas soigner les épidémies, quand on s’éclairait à la bougie ? Nul ne nie que de sombres nuages obscurcissent l’avenir, que le changement climatique menace la vie même sur Terre, que la révolution numérique et les réseaux sociaux ont provoqué des modifications radicales dans les façons de connaître, de faire, d’être et d’être-ensemble, provoqué de profondes déchirures du tissu social et renforcé la croyance que dans les États-nations la politique est impuissante. Est-ce parce que la route devant nous est de brouillard que l’on préfère, non sans risques, regarder dans le rétroviseur ? C’était mieux avant ? Peut-être. Du moins si on enferme la question dans une simple psychologie personnelle : bien sûr, c’était mieux avant, car « avant » est le temps de la jeunesse, le temps, pour chacun, de ses vingt ans.

Robert Maggiori



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1 year ago
1 hour 36 minutes 18 seconds

Philomonaco
Comment tu me parles ?! // Camille Riquier, Claire Marin et Étienne Bimbenet
Certains chercheurs ont pu établir, avec des méthodes certainement sérieuses, que, lors d’une conversation entre deux personnes, ce qui est explicitement dit compte relativement peu dans ce qui est signifié (10, 20 %), et beaucoup moins, en tous cas, que le langage corporel (50 %), qu’on ne maîtrise guère, ou le ton de la voix (30 %), lequel peut transmettre des informations psychologiques qui dépassent, déforment, annihilent ou renforcent le message verbal. C’est la raison pour laquelle, ne comprenant strictement rien de la langue qu’utilise une personne qui s’adresse à nous, on comprend quand même quelque chose de sa manière d’être, de son état émotionnel, son désarroi, sa gaîté, etc. Le ton, qui module la voix en hauteur, en intensité et en timbre, est en lui-même un signifié, et modifie ou module, comme le font aussi l’accent, le rythme, le débit, toute la communication orale. Le ton ne se réfère pas seulement au son de la voix, mais à la manière de parler et à la façon dont s’expriment les sentiments ou les états d’âme : un ton doctoral ou moqueur n’a rien à voir avec la musicalité vocale, et si on prie un interlocuteur de « changer de ton » ou de « baisser d’un ton » on ne lui demande pas de passer d’un do à un si bémol, mais d’être moins agressif ou arrogant, de rabattre ses airs de supériorité. « C’est le ton qui fait la chanson », dit le proverbe, qui s’entend aussi sans musique : c’est la manière dont on exprime les choses, le ton que l’on prend pour les dire qui dénote les véritables intentions de ceux et celles qui se parlent. Dans la conversation sociale, depuis quelques années – en partie à cause des messageries instantanées et des réseaux sociaux, qui, dans la recherche continue du buzz, exigent de vociférer pour se faire entendre – le ton a changé, comme si le durcissement des échanges politiques, le fréquent passage de la revendication à l’action violente, l’éco-anxiété, les conflits armés, la précarité économique, l’incivilité diffuse, etc. avaient déteint sur le langage lui-même, de plus en plus envahi d’invectives, de moins en moins armé d’argumentations, et, bien évidemment, sur le ton – lequel se « hausse » à mesure qu’il devient plus difficile de « se parler ».

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1 year ago
1 hour 15 minutes 21 seconds

Philomonaco
Déjeuner-philo // Charlotte Casiraghi & Élodie Pinel, Moi aussi je pense donc je suis

Un déjeuner-philo avec Charlotte Casiraghi et Élodie Pinel, autour du récent ouvrage « Moi aussi je pense donc je suis » (Stock, 2024), préfacé par Charlotte Casiraghi.

En association avec la Médiathèque de Monaco, la rencontre est présentée par Béatrice Novaretti, conservateur de la Médiathèque de Monaco.


Simone de Beauvoir, Hannah Arendt, Simone Weil… difficile pour la plupart d’entre nous de citer d’autres noms de femmes philosophes que ceux-là. Sans doute parce que la plupart d’entre elles n’ont pas eu la chance de se voir attribuer le noble statut de « philosophe », tantôt qualifiées de « femme de lettres », ou au mieux de « penseuses » et « intellectuelles ». Et pour les quelques chanceuses qui sont au panthéon des philosophes, on ne connaît bien souvent qu’une infime partie de leur pensée, ou on les réduit à leur pensée féministe.

 

Ce livre vous invite à changer de point de vue et à reparcourir l’histoire de la pensée à travers celle de femmes qui ont fait œuvre de philosophe, alors qu’elles étaient soit exclues de l’institution soit empêchées par les hommes. Vous découvriez une pensée riche, originale, des sujets forts, des formes inattendues, novatrices, car il a bien fallu faire preuve de créativité pour faire entendre sa voix.

 

Pour Elodie Pinel, elle-même professeure de philosophie, il est plus que temps de prendre au sérieux ces femmes philosophes, d’entrer pleinement dans leur œuvre et de militer pour qu’elles intègrent les programmes scolaires et que leurs idées infusent enfin dans notre société.



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1 year ago
56 minutes 51 seconds

Philomonaco
Déjeuner-philo // Servane Mouton, Humanité et numérique

Un déjeuner-philo avec Servane Mouton, docteure en médecine, neurologue et neurophysiologiste, autour de son récent ouvrage Humanité et numérique (Apogée, 2023).

En association avec la Médiathèque de Monaco, la rencontre est présentée par Robert Maggiori, philosophe, critique littéraire et membre fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco.


On ne sait où vont les humanités numériques – qui visent à éclairer les objets traditionnels des sciences humaines et sociales, sinon de l’art, des études littéraires ou de la philosophie, par les savoirs et les savoir-faire issus des infosciences ou technologies de l’information. Mais il est avisé de se demander ce que le numérique fait à l’humanité – au sens de ce que l’exercice physique ou la maladie font au corps. Est-ce déjà trop tard, ou vain ? Les sciences et les techniques, en effet, ne vont jamais à rebours, n’ont pas de « frein » interne, et ne connaissent de limites que celles que peuvent éventuellement leur imposer, d’une faible voix, le droit, l’éthique, la religion ou la philosophie. Il en va de même pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Elles ont apporté tant de facilités, d’opportunités, de connaissances, de nouveaux modes d’interaction, de plaisirs, que tous préfèrent prolonger la période de « jouissance » plutôt que d’envisager quelque effet catastrophique à venir. Pourtant les dégâts, dus à leur usage extensif – relatifs à la cognition, à l’attention, aux fonctions du langage, au neuro-développement, aux maladies neuro-dégénératives, à la sexualité, mais aussi à l’économie et à la pollution industrielle – sont déjà là : il s’agit, à présent, de les recenser, de les analyser, de les caractériser, d’en empêcher les excroissances, de les « guérir », et de prévenir ceux qui vont se produire si rien n’est fait.



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1 year ago
1 hour 23 minutes 36 seconds

Philomonaco
Déjeuner-philo // Olivier Rey, Réparer l'eau

Un déjeuner-philo avec Olivier Rey, polytechnicien, mathématicien, romancier, essayiste et philosophe, autour de Réparer l’eau (Stock, 2021).

En association avec la Médiathèque de Monaco, la rencontre est présentée par Céline Sabine.


Qui ignore ce qu’est l’eau ? Chacun a une connaissance intime et immédiate de cet élément frais, liquide, miroitant et irrésistiblement attiré vers le bas. Comment en sommes-nous arrivés, dès lors, à laisser cet élément premier, si présent dans notre expérience de tous les jours, si prégnant dans notre imaginaire, si riche de symbolique, être défini par la laconique formule chimique H2O ? Que perdons-nous dans cette opération ?

La science moderne s’est édifiée en répudiant les sensations, les impressions immédiates, au profit de la raison et des mesures : notre rapport au monde en a été bouleversé. Précisé à bien des égards, appauvri à d’autres. À présent qu’une chose aussi simple que l’eau devient une affaire d’analyse chimique et une ressource à gérer, on peut se demander : la science a tenu sa promesse de dévoiler le monde dans sa vérité ? Nous en a-t-elle rapproché, ou éloigné ?

Dans cet essai brillant et sensible, Olivier Rey s’attache à retrouver ce que, chemin faisant, nous avons perdu de l’eau. De Léonard de Vinci à Bachelard et Ponge, en passant par Courbet, il remonte son cours, afin de rendre à l’eau sa dignité, et nous faire éprouver, grâce à elle, ce qui ne se laisse pas mettre en formule : la poignante volupté d’être au monde.



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1 year ago
1 hour 11 minutes 48 seconds

Philomonaco
Les Femmes // Les Matinales Philo

Les Matinales de la Semaine PhiloMonaco sont organisées par Les Rencontres Philosophiques de Monaco, en association avec Monaco Info et la Mairie de Monaco.

Animées chaque matin par Sandrine Nègre, les Matinales donnent lieu à des rencontres, des conversations et des échanges autour des questions du public et avec les personnalités invitées pour chaque Journée de la Semaine PhiloMonaco.


Les intervenants de la Journée dédiée aux Femmes :

Fanny Arama, docteure en littérature française

Anne Berest, romancière et scénariste

Sarah Chiche, philosophe

Martin Legros, philosophe et journaliste

Olivia Gazalé, philosophe et essayiste

Laurent de Sutter, professeur et auteur

Augustin Trapenard, journaliste



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1 year ago
1 hour 10 minutes 36 seconds

Philomonaco
Le Soin // Les Matinales Philo

Les Matinales de la Semaine PhiloMonaco sont organisées par Les Rencontres Philosophiques de Monaco, en association avec Monaco Info et la Mairie de Monaco.

Animées chaque matin par Sandrine Nègre, les Matinales donnent lieu à des rencontres, des conversations et des échanges autour des questions du public et avec les personnalités invitées pour chaque Journée de la Semaine PhiloMonaco.


Les intervenants de la Journée dédiée au Soin :

Paul Audi, philosophe

Christine Bergé, anthropologue et philosophe

Raphaël Gaillard, psychiatre et professeur de psychiatrie

Sandrine Louchart de la Chapelle, Chef du Service de Gérontologie Clinique et Centre Mémoire au CHPG, Secrétaire générale AMPA

Nathalie Prieto, psychiatre



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1 year ago
1 hour 14 minutes 11 seconds

Philomonaco
L'Éducation // Les Matinales Philo

Les Matinales de la Semaine PhiloMonaco sont organisées par Les Rencontres Philosophiques de Monaco, en association avec Monaco Info et la Mairie de Monaco.

Animées chaque matin par Sandrine Nègre, les Matinales donnent lieu à des rencontres, des conversations et des échanges autour des questions du public et avec les personnalités invitées pour chaque Journée de la Semaine PhiloMonaco.


Les intervenants de la Journée dédiée à l’Éducation :

Isabelle Alfandary, auteure et professeure

Frédérique Bonnet-Brilhaut, médecin, pédopsychiatre et professeure

Laurence Joseph, psychologue et psychanalyste

Claire Marin, philosophe

Philippe Meirieu, professeur

Servane Mouton, neurologue et neurophysiologiste

Sébastien Talon, psychologue clinicien et psychothérapeute

Bertrand Quentin, philosophe




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1 year ago
1 hour 31 minutes 48 seconds

Philomonaco
L'Écologie // Les Matinales Philo

Les Matinales de la Semaine PhiloMonaco sont organisées par Les Rencontres Philosophiques de Monaco, en association avec Monaco Info et la Mairie de Monaco.

Animées chaque matin par Sandrine Nègre, les Matinales donnent lieu à des rencontres, des conversations et des échanges autour des questions du public et avec les personnalités invitées pour chaque Journée de la Semaine PhiloMonaco.


Les intervenants de la Journée dédiée à l'Écologie :

Serge Audier, philosophe

Alexandre Kouchner, analyste politique et journaliste

Ainoha Pascual, avocate

Thierry Paquot, philosophe

Corine Pelluchon, philosophe

Olivier Rey, polytechnicien, mathématicien, romancier, essayiste et philosophe



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1 year ago
1 hour 36 minutes 39 seconds

Philomonaco
Les Rencontres Philosophiques de Monaco ont l'ambition de créer un "lieu" inédit donnant l'hospitalité aux penseurs français et étrangers qui aujourd'hui la nourrissent de leurs recherches, et accueillant le public le plus large, à qui la philosophie apporte les outils de réflexion nécessaires pour comprendre le monde, la société, les autres et soi-même. Chaque conférence est disponible en podcast avec Philomonaco.

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