Nouvel épisode de Poèmes à vous !
Je t’aime - Paul Éluard
Je t’aime pour toutes les femmes
Que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tout le temps
Où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large
Et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l’homme n’effraie pas
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes
Que je n’aime pas
Qui me reflète sinon toi-même
Je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien
Qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui
Il y a eu toutes ces morts
Que j’ai franchies
Sur de la paille
Je n’ai pas pu percer
Le mur de mon miroir
Il m’a fallu apprendre
Mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t’aime pour ta sagesse
Qui n’est pas la mienne
Pour la santé je t’aime
Contre tout ce qui n’est qu’illusion
Pour ce cœur immortel
Que je ne détiens pas
Que tu crois être le doute
Et tu n’es que raison
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Paul Eluard
Musique : Le carnaval des animaux - Le Cygne - Camille Saint-Saëns
Instagram : @bordetbaptiste
Mail : baptiste.bordet@hotmail.fr
Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses Le jour est paresseux mais la nuit est active Un bol d'air à midi la nuit le filtre et l'use La nuit ne laisse pas de poussière sur nous
Mais cet écho qui roule tout le long du jour Cet écho hors du temps d'angoisse ou de caresses Cet enchaînement brut des mondes insipides Et des mondes sensibles son soleil est double
Sommes-nous près ou loin de notre conscience Où sont nos bornes nos racines notre but
Le long plaisir pourtant de nos métamorphoses Squelettes s'animant dans les murs pourrissants Les rendez-vous donnés aux formes insensées À la chair ingénieuse aux aveugles voyants
Les rendez-vous donnés par la face au profil Par la souffrance à la santé par la lumière À la forêt par la montagne à la vallée Par la mine à la fleur par la perle au soleil
Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre Nous naissons de partout nous sommes sans limites
Image : Princesse Mononoké
Musique : Joe Hisaishi - Ashitaka and San
Mail : baptiste.bordet@hotmail.fr
Instagram : @bordetbaptiste
C’est l’un des tout premiers poèmes de Arthur Rimbaud
Il avait seulement 16 ans lorsqu’il composa ce poème en 1870
Bel écoute
Musique : Joep Beving - Roses
Mail : baptiste.bordet@hotmail.fr
Il y a, à chaque millénaire, des témoignages, des sensibilités, des mémoires bénéfiques pour la société et l’âme humaine.
Ces feuillets d’usine en font partie.
Avec courage, humour, intelligence et sensibilité, Joseph Ponthus nous livre son quotidien d’ouvrier intérimaire, employé dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons.
C’est par amour qu’il migre à Lorient pour rejoindre son épouse, et c’est pour survivre que, chaque soir, à la sortie de l’usine, il se confie dans ses feuillets, sans ponctuation, sans « gras », en prenant soin de revenir chaque fois à la ligne. Comme à l’usine.
Aujourd’hui, Joseph, vous n’êtes plus, mais sachez qu’à jamais, et pour toujours, je vous écouterai nous raconter, avec humanité et amour, sans jugement, tous ces hommes et femmes avec qui vous avez travaillé à l’usine.
Vous entendre dans vos interviews parler de vos grands souvenirs de lecture, vous entendre chantonner Charles Trenet, Jacques Brel et d’autres, voir vos yeux briller, étonnés du fabuleux tour que vous joue votre destin, resteront pour moi une source d’inspiration inépuisable.
Merci pour votre témoignage, cette immersion poétique, nécessaire.
À la ligne
Joseph Ponthus, pour l’éternité.
Au plafond de la libellule
Un enfant fou s’est pendu,
Fixement regarde l’herbe,
Confiant lève les yeux :
Le brouillard léger se lèche comme un chat
Qui se dépouille de ses rêves.
L’enfant sait que le monde commence à peine :
Tout est transparent,
C’est la lune qui est au centre de la terre,
C’est la verdure qui couvre le ciel
Et c’est dans les yeux de l’enfant,
Dans ses yeux sombres et profonds
Comme les nuits blanches
Que naît la lumière.
Tableau : L’enfant qui sortait du tableau de Pere Borrell del Caso
Musique : Maurice Ravel -Daphnis et Chloé, M. 57 / Troisième partie - Lever du jour